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faire une perquisition ; et il ne s’agissait plus que de prononcer l’amende et de punir l’infraction aux lois dont Natty s’était rendu coupable, mais on ne pouvait s’occuper de cette double affaire avant le lundi suivant, et toute poursuite fut suspendue durant quarante-huit heures.


CHAPITRE XXXI.


Oses-tu donc braver le lion dans sa tanière, le Douglas dans son château ?
Sir Walter Scott. Marmion.



L’agitation qui régnait dans le village se calmait enfin, les groupes commencèrent à se disperser ; chaque habitant rentrait chez lui et fermait sa porte avec l’air grave d’un politique venant de discuter les affaires de l’État, quand Olivier Edwards, sortant de la demeure de M. Grant, rencontra le jeune procureur nommé Lippet, avec lequel nos lecteurs ont déjà fait connaissance. Il y avait bien peu d’analogie entre le ton, les manières et les sentiments de ces deux jeunes gens ; mais comme ils appartenaient l’un et l’autre à la classe la plus intelligente d’une société encore peu nombreuse, ils avaient fait ensemble une sorte de connaissance. Le hasard les mettant en ce moment en face l’un de l’autre, la politesse ne leur permettait pas de passer leur chemin sans s’aborder, et le résultat de cette rencontre fut la conversation suivante :

— Voilà une belle soirée, monsieur Edwards, dit le procureur, mais il nous faudrait un peu de pluie. Voilà le malheur de ce climat ; c’est toujours un déluge ou une sécheresse. Vous avez sans doute été habitué à une température plus égale ?

— Pardonnez-moi, répondit Edwards ; je suis né dans l’État de New-York.

— Oh ! j’ai souvent entendu discuter ce point, reprit Lippet ; mais il est si facile de se faire naturaliser dans ce pays ! Peu importe où un homme soit né. Et savez-vous quel parti compte prendre le juge Temple dans l’affaire de Natty Bumppo ?