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les munitions, et nous attendons notre déjeuner pour aller les chasser sur la montagne.

Il était impossible de résister à cet appel pressant, et, au bout de quelques minutes, miss Temple et son amie descendirent pour préparer le déjeuner, qui était attendu avec impatience. Toutes les fenêtres étaient ouvertes, et l’air doux et embaumé du printemps ventilait un appartement dans lequel le vigilant majordome avait entretenu avec tant de soin une chaleur artificielle pendant tout l’hiver.

Pendant que le thé s’apprêtait, Richard avait pris son poste près d’une croisée donnant du côté du sud. — Voyez, Bess, voyez, cousin ’Duke, s’écria-t-il, les portes des pigeonniers du midi se sont ouvertes. En voici une troupe dont l’œil ne saurait voir la fin. Il y aurait de quoi nourrir l’armée de Xercès pendant un mois, et de quoi faire des lits de plume pour tout le comté ! Xercès, monsieur Olivier, était un roi grec… non, non, un roi turc, ou persan, qui voulait ravager la Grèce, comme ces coquins de pigeons reviendront à l’automne dévaster nos champs de blé. Allons, Bess, dépêchez-vous ! je voudrais déjà être sur la montagne pour leur envoyer quelques grains de poudre.

Marmaduke et Edwards semblaient partager le même désir, et à la vérité le spectacle qu’ils avaient sous les yeux était attrayant pour un chasseur. Ils déjeunèrent donc à la hâte, et, faisant leurs adieux aux jeunes amies, ils partirent sans perdre un instant.

Si l’air était rempli de pigeons, toute la population de Templeton remplissait les rues du village. Hommes, femmes et enfants, tous se préparaient à partager le divertissement de la chasse. On voyait entre leurs mains toutes les espèces d’armes à feu, depuis la canardière française avec son canon de six pieds de longueur, jusqu’au pistolet d’arçon, et la plupart des enfants étaient armés d’arcs et de flèches faits avec des rejetons de noyers.

Les troupes de pigeons qui se succédaient presque sans interruption, effrayées par le bruit du village, se dirigeaient vers les montagnes voisines du lac ; leur nombre immense égalait presque celui des sauterelles qui arrivent par nuées dans d’autres pays, et la rapidité de leur vol n’était pas moins étonnante.

Nous avons déjà dit que la grande route conduisant à Templeton traversait le plan incliné qui s’étendait depuis le plateau d’une