tous côtés, et qui semblaient auparavant des monticules de neige, montrèrent alors leur cime noire, et l’on vit le haut des pieux enfoncés dans la terre pour former des haies et des clôtures percer la couverture blanche qui les cachait.
À l’abri de la pluie, dans le salon bien chauffé de son père, Élisabeth, accompagnée de Louise Grant, regardait par une fenêtre avec admiration le changement subit qui s’opérait autour d’elles. Toutes les maisons du village offraient déjà aux yeux des toits noirs et des cheminées enfumées, au lieu de la blancheur brillante qui les ornait la veille ; les pins secouaient la poudre blanche qui couvrait leurs feuilles et leurs branches ; enfin tout dans la nature reprenait sa forme et sa couleur avec une transition si rapide, qu’elle semblait presque surnaturelle.
CHAPITRE XIX.
a fin du jour de Noël, en 1793, fut marquée par une pluie
d’orage, mais elle fut accompagnée d’un relâchement considérable
dans la rigueur du froid. Quand l’obscurité vint dérober le village
et ses environs aux regards d’Élisabeth, elle quitta la fenêtre où
elle était restée tant que les derniers rayons du jour avaient
éclairé le sommet des pins qui couvraient la plupart des montagnes
voisines.
Passant son bras sous celui de miss Grant, la jeune maîtresse de la maison se promenait lentement dans le salon, réfléchissant aux scènes de son enfance qui se retraçaient rapidement à sa mémoire, et peut-être songeant aussi, dans le secret de ses pensées, à l’événement étrange qui allait introduire dans la maison de son père un jeune homme dont le ton et les manières formaient un contraste si frappant avec son extérieur. La chaleur de l’appartement avait appelé sur ses joues un vermillon plus vif, et le visage