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commission singulière, allongea le pas en vrai chasseur, et se dirigea sur-le-champ vers l’endroit d’où l’on entendait partir les sons d’une gaieté bruyante. Ses deux compagnons le suivirent en silence, le jeune homme se retournant de temps en temps vers Élisabeth, et la regardant avec un air d’embarras.

Richard retint sa belle cousine à quelque distance. — Il me semble, miss Temple, que vous auriez pu jeter les yeux sur un autre champion que Bas-de-Cuir. D’ailleurs quelle fantaisie avez-vous de vouloir gagner ce dindon, tandis qu’il y en a chez votre père une cinquantaine que j’engraisse dans des mues, et parmi lesquels vous pouvez choisir ? J’en ai six entre autres sur lesquels je fais une expérience en les nourrissant de poussière de briques mêlée avec…

— Suffit, suffit, cousin Dickon, je désire cet oiseau, et c’est parce que je le désire que j’ai chargé Bas-de-Cuir de tirer.

— N’avez-vous donc jamais entendu parler du beau coup de feu que j’ai tiré sur le loup qui emportait un des moutons de votre père ? Il l’avait jeté sur son dos, et si le loup avait eu la tête tournée de l’autre côté, je le tuais ; mais de la manière dont il était placé…

— Vous avez tué le mouton. Je sais tout cela, mon cher cousin ; mais aurait-il été convenable que le grand shérif du comté prît part à de pareils jeux ?

— Je ne vous ai pas proposé de tirer moi-même, miss Temple. Mais doublons le pas afin de les voir tirer. N’ayez pas d’inquiétude, la fille de votre père ne doit rien craindre quand elle est avec moi.

— La fille de mon père ne craint rien, mon cher cousin, surtout quand elle est escortée par celui entre les mains de qui repose le pouvoir exécutif dans ce comté.

Après avoir suivi pendant quelques minutes un sentier ouvert dans le taillis, ils arrivèrent à l’endroit où était réunie toute la jeunesse du village, et où Natty et ses deux compagnons les avaient précédés.