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raient leur nombre augmentait sensiblement, et bientôt ils se trouvèrent en état de soutenir le feu des Delawares, et même de le repousser sans trop de désavantage. Heyward se jeta au milieu des combattants, et imitant la prudence de ses compagnons, il tira coup sur coup, se cachant et se montrant tour à tour. Ce fut alors que le combat devint animé ; les Hurons ne reculaient plus ; les deux troupes restaient en place. Peu de guerriers étaient blessés, parce que chacun avait soin de se tenir autant que possible à l’abri derrière un arbre, et ne découvrait jamais une partie de son corps qu’au moment d’ajuster.

Cependant les chances du combat devenaient de plus en plus défavorables pour Œil-de-Faucon et pour ses guerriers. Le chasseur était trop clairvoyant pour ne pas apercevoir tout le danger de sa position, mais sans savoir comment y remédier. Il voyait qu’il était plus dangereux de battre en retraite que de se maintenir où il était ; mais, d’un autre côté, l’ennemi, qui recevait à chaque instant de nouveaux renforts, commençait à s’étendre sur les flancs de sa petite troupe, de sorte que les Delawares, ne pouvant presque plus se mettre à couvert, ralentissaient leur feu. Dans cette conjoncture critique, lorsqu’ils commençaient à croire que bientôt ils allaient être enveloppés par toute la peuplade des Hurons, ils entendirent tout à coup des cris de guerre et un bruit d’armes à feu retentir sous les voûtes épaisses de la forêt, vers l’endroit où Uncas était posté, dans une vallée profonde, beaucoup au-dessus du terrain sur lequel Œil-de-Faucon se battait avec acharnement.

Les effets de cette attaque inattendue furent instantanés, et elle fit une diversion bien utile pour le chasseur et ses amis. Il paraît que l’ennemi avait prévu le coup de main qu’ils avaient tenté, ce qui l’avait fait échouer ; mais s’étant trompé sur leur nombre, il avait laissé un détachement trop faible pour résister à l’attaque impétueuse du jeune Mohican. Ce qui rendait ces conjectures plus que probables, c’est que le bruit du combat qui s’était engagé dans la forêt approchait de plus en plus, et que d’un autre côté ils virent diminuer tout à coup le nombre de leurs agresseurs, qui volèrent au secours de leurs compagnons repoussés, et se hâtèrent de se porter sur leur principal point de défense.

Animant les guerriers de la voix et par son exemple, Œil-de-Faucon donna ordre aussitôt de fondre sur l’ennemi. Dans leur