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d’Uncas sur la lisière du bois où ils avaient déposé leurs armes en approchant du camp des Delawares par une mesure doublement prudente, d’abord pour qu’elles ne partageassent pas leur sort s’ils étaient reconnus captifs, et pour pouvoir se mêler parmi les étrangers sans inspirer de défiance, ayant plutôt l’air de pauvres voyageurs que d’hommes pourvus de moyens de défense. En choisissant un autre que lui pour aller chercher l’arme précieuse à laquelle il attachait un si grand prix, le chasseur avait écouté sa prudence et sa prévoyance ordinaires. Il savait que Magua n’était pas venu dans leur camp sans une suite nombreuse, et il savait aussi que le Huron épiait les mouvements de ses nouveaux ennemis tout le long de la lisière du bois. Il n’aurait donc pu s’y engager sans que sa témérité lui devînt fatale ; tout autre guerrier l’aurait probablement payée de sa vie ; mais un enfant pouvait entrer dans la forêt sans inspirer de soupçons, et peut-être même ne s’apercevrait-on de son dessein que lorsqu’il serait trop tard pour y mettre obstacle. Lorsque Heyward le joignit, Œil-de-Faucon attendait froidement le retour de son messager.

L’enfant, qui était très adroit, et qui avait reçu les instructions nécessaires, partit palpitant d’espérance et de joie, heureux d’avoir su inspirer une telle confiance, et résolu de la justifier. Il suivit d’un air indifférent le bord de la clairière, et il n’entra dans le bois que lorsqu’il fut près de l’endroit où étaient cachés les fusils. Bientôt il disparut derrière le feuillage des buissons, et il se glissa comme un reptile adroit vers le trésor désiré. Il ne tarda pas à le trouver ; car il reparut l’instant d’après fuyant avec la vitesse d’une flèche à travers l’étroit passage qui séparait le bois du tertre élevé, sur lequel était le village, et portant un fusil dans chaque main. Il venait d’atteindre le pied des rochers, qu’il gravissait avec une incroyable agilité, lorsqu’un coup de feu parti du bois prouva combien avaient été justes les calculs du chasseur. L’enfant y répondit par un cri de dédain ; mais bientôt une seconde balle, venant d’un autre point de la forêt, fut encore lancée contre lui. Au même instant il arriva sur la plate-forme, élevant ses fusils d’un air de triomphe, tandis qu’il se dirigeait avec la fierté d’un conquérant vers le célèbre chasseur qui l’avait honoré d’une si glorieuse mission.

Malgré le vif intérêt qu’Œil-de-Faucon avait pris au sort du jeune messager, le plaisir qu’il eut à revoir le tueur de daims