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— Il n’en a aucun. La panthère peut tomber dans les pièges qui lui sont dressés ; mais sa force sait les franchir.

— Et sur la Longue-Carabine ?

— Mon ami se rit des Mingos. Allez, Hurons, demandez à vos pareils la couleur d’un ours.

— Sur l’étranger et la fille blanche qui sont venus ensemble dans mon camp ?

— Ils doivent voyager librement.

— Sur la femme que le Huron a confiée à mes guerriers ?

Uncas garda le silence.

— Sur la femme que le Mingo a amenée dans mon camp ? répéta Tamenund d’un ton grave.

— Elle est à moi ! s’écria Magua en faisant un geste de triomphe et regardant Uncas. Mohican, vous savez qu’elle est à moi.

— Mon fils se tait, dit Tamenund, s’efforçant de lire ses sentiments sur sa figure qu’il tenait détournée.

— Il est vrai, répondit Uncas à voix basse.

Il se fit un moment de silence ; il était évident que la multitude n’admettait qu’avec une extrême répugnance la justice des prétentions du Mingo. À la fin le sage, de qui dépendait la décision, dit d’une voix ferme :

— Huron, partez.

— Comme il est venu, juste Tamenund ? demanda le rusé Magua, ou les mains pleines de la bonne foi des Delawares ? Le wigwam du Renard-Subtil est vide. Rendez-lui son bien.

Le vieillard réfléchit un instant en lui-même, et penchant la tête du côté d’un de ses vénérables compagnons, il lui demanda :

— Mes oreilles sont-elles ouvertes ?

— C’est la vérité.

— Ce Mingo est-il un chef ?

— Le premier de sa nation !

— Fille, que veux-tu ? un grand guerrier te prend pour femme. Va, ta race ne s’éteindra jamais.

— Que plutôt mille fois elle s’éteigne, s’écria Cora glacée d’horreur, que d’en être réduite à ce comble de dégradation.

— Huron, son esprit est dans les tentes de ses pères. Une fille qui n’entre dans un wigwam qu’avec répugnance, en fait le malheur.

— Elle parle avec la langue de son peuple, reprit Magua en jetant