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brillèrent dans l’air, et autant de guerriers se relevèrent précipitamment ; mais l’ordre d’un de leurs chefs suffit pour apaiser cette effervescence, et leur donna, du moins pour le moment, l’apparence du calme ; il est vrai qu’il eût été peut-être beaucoup plus difficile de faire renaître la tranquillité, si Tamenund n’eût fait un mouvement qui indiquait qu’il allait prendre la parole.

— Delaware, dit le sage, Delaware indigne de ce nom, depuis bien des hivers mon peuple n’a pas vu briller un soleil pur ; et le guerrier qui abandonne sa tribu tandis qu’elle est enveloppée par le nuage de l’adversité, est doublement traître envers elle. La loi du Manitou est juste, elle est immuable ; elle le sera tant que les rivières couleront, et que les montagnes resteront debout, tant qu’on verra la feuille de l’arbre naître, se dessécher et tomber. — Cette loi, mes enfants, vous donne tout pouvoir sur ce frère indigne ; je l’abandonne à votre justice.

Aucun mouvement, aucun bruit n’avait interrompu Tamenund ; il semblait que chacun retînt sa respiration pour ne rien perdre des paroles que ferait entendre le prophète delaware. Mais dès qu’il eut fini de parler, un cri de vengeance s’éleva de toutes parts, signal effrayant de leurs intentions féroces et sanguinaires. Au milieu de ces acclamations sauvages et prolongées, un des chefs proclama à haute voix que le captif était condamné à subir l’effroyable épreuve du supplice du feu.

Le cercle se rompit, et les accents d’une joie barbare se mêlèrent au tumulte et aux embarras qu’occasionnaient ces affreux préparatifs. Heyward, avec un désespoir presque frénétique, luttait contre ceux qui le retenaient ; les regards inquiets d’Œil-de-Faucon commencèrent à se promener autour de lui avec une expression d’intérêt et de sollicitude, et Cora se jeta de nouveau aux pieds du patriarche pour implorer sa pitié.

Au milieu de toute cette agitation, Uncas seul avait conservé toute sa sérénité. Il regardait les préparatifs de son supplice d’un œil indifférent, et lorsque les bourreaux s’approchèrent pour le saisir, il les vit arriver avec une contenance ferme et intrépide. L’un d’eux, plus sauvage et plus féroce que ses compagnons, s’il était possible, prit le jeune guerrier par sa tunique de chasse, et d’un seul coup l’arracha de son corps ; alors, avec un rugissement sauvage, il sauta sur sa victime sans défense, et se prépara à la traîner au poteau.