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tique, surtout tant que la peuplade se trouverait en pays ennemi. Cessant donc d’avoir l’air de consulter les autres, il commença sur-le-champ à prendre tout sur lui, avec l’air de gravité nécessaire pour soutenir la dignité du chef suprême d’une peuplade de Hurons.

Il expédia des coureurs de tous côtés pour reconnaître plus positivement encore les traces des fugitifs ; ordonna à des espions adroits d’aller s’assurer de ce qui se passait dans le camp des Delawares ; renvoya les guerriers dans leurs cabanes en les flattant de l’espoir qu’ils auraient bientôt l’occasion de s’illustrer par de nouveaux exploits, et dit aux femmes de se retirer avec leurs enfants, en ajoutant que leur devoir était de garder le silence, et de ne pas se mêler des affaires des hommes.

Après avoir donné ces différents ordres, il fit le tour du camp, s’arrêtant de temps en temps pour entrer dans une cabane, quand il croyait que sa présence pouvait être agréable ou flatteuse pour l’individu qui l’habitait. Il confirmait ses amis dans la confiance qu’ils lui avaient accordée, décidait ceux qui balançaient encore, et satisfaisait tout le monde.

Enfin il retourna dans son habitation. La femme qu’il avait abandonnée quand il avait été obligé de fuir sa nation, était morte ; il n’avait pas d’enfants, et il occupait une hutte en véritable solitaire : c’était la cabane à demi construite dans laquelle Œil-de-Faucon avait trouvé David, à qui le Huron avait permis d’y demeurer, et dont il supportait la présence, quand ils s’y trouvaient ensemble, avec l’indifférence méprisante d’une supériorité hautaine.

Ce fut donc là que Magua se retira quand ses travaux politiques furent terminés. Mais tandis que les autres dormaient, il ne songeait pas à prendre du repos. Si quelque Huron avait été assez curieux pour épier les actions du nouveau chef qui venait d’être élu, il l’aurait vu assis dans un coin, réfléchissant sur ses projets depuis l’instant où il était entré dans sa cabane, jusqu’à l’heure où il avait donné ordre à un certain nombre de guerriers choisis de venir le joindre le lendemain. De temps en temps le feu, attisé par lui, faisait ressortir sa peau rouge et ses traits féroces, et il n’aurait pas été difficile de s’imaginer voir en lui le prince des ténèbres occupé à ourdir de noirs complots.

Longtemps avant le lever du soleil, des guerriers arrivèrent les uns après les autres dans la cabane solitaire de Magua, et ils s’y