Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 5, 1839.djvu/325

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE XXVI


Laissez-moi aussi jouer le rôle du lion.
Shakespeare. Le Songe d’une nuit d’été.


Le chasseur ne s’aveuglait pas sur les périls et les difficultés de son entreprise audacieuse. En approchant du camp des Hurons, il avait calculé tous les moyens d’échapper à la vigilance et aux soupçons d’ennemis dont il savait que la sagacité était égale à la sienne. C’était la couleur de la Peau d’Œil-de-Faucon qui avait sauvé la vie de Magua et celle du jongleur, car, quoique le meurtre d’un ennemi sans défense fût une chose toute simple dans les mœurs des sauvages, il aurait cru en le commettant faire une action indigne d’un homme dont le sang était sans mélange. Il compta donc pour sa sûreté sur les liens dont il avait chargé ses captifs, et continua à s’avancer vers les habitations.

En entrant dans la clairière, il marcha avec plus de précaution et de lenteur, reprenant les allures de l’animal dont il portait la peau. Cependant ses yeux vigilants étaient toujours en mouvement pour épier s’ils ne découvriraient pas quelques indices qui pussent être dangereux ou utiles pour lui. À quelque distance des autres cabanes, il en aperçut une dont l’extérieur semblait encore plus négligé que de coutume ; elle paraissait même n’avoir pas été achevée, probablement parce que celui qui avait commencé à la construire s’était aperçu qu’elle serait trop éloignée de deux objets de première nécessité, du bois et de l’eau. Une faible lumière brillait pourtant à travers les crevasses du mur, qui n’avaient pas été enduits de terre. Il se dirigea donc de ce côté, en général prudent qui veut reconnaître les avant-postes de l’ennemi avant de hasarder une attaque.

Œil-de-Faucon s’approcha d’une fente d’où il pouvait voir l’intérieur de l’appartement. Il reconnut que c’était là que le maître en psalmodie avait fixé sa demeure. Le fidèle David La Gamme venait d’y entrer avec tous ses chagrins, toutes ses craintes, et