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cessé leurs jeux, et les feux qu’ils avaient allumés commençaient à s’éteindre ; mais ils donnaient encore assez de clarté pour laisser apercevoir de loin quelques groupes de guerriers qui restaient dans la clairière : cependant le silence et la tranquillité de la nuit faisaient déjà contraste avec le tumulte et le désordre qui avaient régné dans le camp pendant une soirée signalée par tant d’événements.

L’influence du grand air rendit bientôt à Alice toutes ses forces.

— Je suis en état de marcher, dit-elle quand ils furent entrés dans la forêt, en faisant un effort pour se dégager des bras d’Heyward, qui cherchait à la retenir ; je me sens à présent parfaitement bien.

— Non, Alice, répliqua Duncan, vous êtes trop faible.

Mais Alice insista ; le major fut obligé malgré lui de déposer son précieux fardeau.

Le chevalier de l’ours n’avait sûrement rien compris à la sensation délicieuse qu’éprouve un jeune amant qui tient entre ses bras celle qu’il aime, et très probablement il ne comprenait pas davantage ce sentiment de pudeur ingénue qui agitait le sein d’Alice tandis qu’ils s’éloignaient à grands pas de leurs ennemis. Mais quand il se trouva à une distance qu’il jugea convenable du camp des Hurons, il s’arrêta pour leur parler d’un objet qu’il connaissait mieux.

— Ce sentier, leur dit-il, vous conduira à un ruisseau : suivez-en le cours jusqu’à ce que vous arriviez à une cataracte. Là, sur une montagne qui en est à la droite, vous trouverez une autre peuplade. Il faut vous y rendre et demander sa protection. Si ce sont de vrais Delawares, vous ne la demanderez pas en vain. Fuir loin d’ici en ce moment avec cette jeune fille est impossible. Les Hurons suivraient nos traces, et seraient maîtres de nos chevelures avant que nous eussions fait douze milles. Allez, et que la Providence veille sur vous !

— Et vous ? demanda Heyward avec surprise ; sûrement nous ne nous séparerons pas ici ?

— Les Hurons tiennent captif celui qui fait la gloire des Delawares, répondit le chasseur ; ils peuvent faire couler la dernière goutte du sang des Mohicans ; je vais voir ce qu’il est possible de faire pour sauver mon jeune ami. S’ils avaient enlevé votre chevelure, major, il en aurait coûté la vie à autant de ces coquins