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savant que lui dans l’art de guérir, et qui voulait essayer le pouvoir de la psalmodie.

David, qui était prêt à entonner un cantique lorsque le Huron et Duncan étaient arrivés, attendit d’abord quelques instants, et prenant ensuite le ton de son instrument, se mit à chanter avec une ferveur qui aurait opéré un miracle s’il n’avait fallu pour cela que la foi dans l’efficacité de ce remède. Personne ne l’interrompit, les Indiens croyant que sa faiblesse d’esprit le mettait sous la protection immédiate du ciel, et Duncan étant trop charmé de ce délai pour chercher à l’abréger. Tandis que le chanteur appuyait sur la cadence qui terminait la première strophe, le major tressaillit en entendant les mêmes sons répétés par une voix sépulcrale qui semblait n’avoir rien d’humain ; il regarda autour de lui, et vit dans le coin le plus obscur de l’appartement l’ours assis sur ses pattes de derrière, balançant son corps à la manière de ces animaux, et imitant par des grondements sourds les sons que produisait la mélodie du chanteur.

Il est plus facile de se figurer que de décrire l’effet que produisit sur David un écho si étrange et si inattendu. Il ouvrit de grands yeux, sa bouche, quoique également ouverte, resta muette sur-le-champ. La terreur, l’étonnement, l’admiration, lui firent oublier quelques phrases qu’il avait préparées pour annoncer à Heyward des nouvelles importantes, et s’écriant à la hâte en anglais : — Elle vous attend, — elle est ici ! — Il s’enfuit de la caverne.


CHAPITRE XXV


— Avez-vous transcrit le rôle au lion ? En ce cas donnez-le moi ; car j’ai la mémoire ingrate.
— Vous pouvez le jouer impromptu : il ne s’agit que de hurler.
ShakspeareLe Songe d’une nuit d’été.


La scène que présente un lit de mort a toujours quelque chose de solennel ; mais il se joignait à celle-ci un étrange mélange de burlesque. L’ours continuait à se balancer de droite à gauche,