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bords du lac furent couverts d’une multitude d’êtres allant et venant dans tous les sens, toujours en rampant, mais qui marchaient avec une telle célérité et qui échappaient si promptement à sa vue, cachés tantôt par les arbres, tantôt par les habitations, qu’il lui fut impossible de reconnaître quelles étaient leur occupation ou leurs intentions.

Alarmé de ces mouvements suspects et inexplicables, il était sur le point d’essayer d’imiter le cri du corbeau pour appeler à lui ses compagnons, quand un bruit soudain, qu’il entendit dans les broussailles, lui fit tourner la tête d’un autre côté.

Il tressaillit et recula involontairement en arrière ; mais, à l’aspect d’un être qui lui parut être un Indien, au lieu de donner un signal d’alarme qui probablement mal imité aurait pu lui devenir funeste à lui-même, il resta immobile derrière un buisson, et surveilla avec attention la conduite de ce nouvel arrivé.

Un moment d’attention suffit pour l’assurer qu’il n’avait pas été aperçu. L’Indien, de même que lui, semblait entièrement occupé à contempler les petites habitations à toit rond du village et les mouvements vifs et rapides de ses habitants. Il était impossible de découvrir l’expression de ses traits sous le masque grotesque de peinture dont son visage était couvert, et cependant elle avait un air de mélancolie plutôt que de férocité. Il avait les cheveux rasés suivant l’usage, si ce n’est sur le sommet de la tête, où trois ou quatre vieilles plumes de faucon étaient attachées à la portion de la chevelure en cet endroit. Une pièce de calicot en grande partie usée lui couvrait à peine la moitié du corps, dont la partie inférieure n’avait pour tout vêtement qu’une chemise ordinaire, dans les manches de laquelle ses jambes et ses cuisses étaient passées. Le bas de ses jambes était nu et déchiré par les ronces ; mais ses pieds étaient couverts d’une bonne paire de mocassins de peau d’ours. En dernier résultat, l’extérieur de cet individu était misérable.

Duncan examinait encore son voisin avec curiosité, quand le chasseur arriva à côté de lui en silence et avec précaution.

— Vous voyez, lui dit le major d’une voix très basse, que nous avons atteint leur établissement ou leur camp, et voici un sauvage dont la position paraît devoir nous gêner dans notre marche.

Œil-de-Faucon tressaillit, et leva son fusil sans bruit, tandis que ses yeux suivaient la direction du doigt de Duncan. Allongeant