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était commandé par le général Webb, qui avait sous ses ordres les armées du roi dans les provinces du nord, et sa garnison était de cinq mille hommes. En réunissant les divers détachements qui étaient à sa disposition, cet officier pouvait ranger en bataille une force d’environ le double de ce nombre contre l’entreprenant Français, qui s’était hasardé si imprudemment loin de ses renforts.

Mais, dominés par le sentiment de leur dégradation, les officiers et les soldats parurent plus disposés à attendre dans leurs murailles l’arrivée de leur ennemi qu’à s’opposer à ses progrès en imitant l’exemple que les Français leur avaient donné, au fort Duquesne, en attaquant l’avant-garde anglaise, audace que la fortune avait couronnée.

Lorsqu’on fut un peu revenu de la première surprise occasionnée par cette nouvelle, le bruit se répandit dans toute la ligne du camp retranché qui s’étendait le long des rives de l’Hudson, et qui formait une chaîne de défense extérieure pour le fort, qu’un détachement de quinze cents hommes de troupes d’élite devait se mettre en marche au point du jour pour William-Henry, fort situé à l’extrémité septentrionale du portage. Ce qui d’abord n’était qu’un bruit devint bientôt une certitude, car des ordres arrivèrent du quartier général du commandant en chef, pour enjoindre aux corps qu’il avait choisis pour ce service, de se préparer promptement à partir.

Il ne resta donc plus aucun doute sur les intentions de Webb, et pendant une heure ou deux, on ne vit que des figures inquiètes et des soldats courant çà et là avec précipitation. Les novices dans l’art militaire[1] allaient et venaient d’un endroit à l’autre, et retardaient leurs préparatifs de départ par un empressement dans lequel il entrait autant de mécontentement que d’ardeur. Le vétéran, plus expérimenté, se disposait au départ avec ce sang-froid qui dédaigne toute apparence de précipitation ; quoique ses traits annonçassent le calme, son œil inquiet laissait assez voir qu’il n’avait pas un goût bien prononcé pour cette guerre redoutée des forêts, dont il n’était encore qu’à l’apprentissage.

Enfin le soleil se coucha parmi des flots de lumière derrière les

  1. Les nouvelles levées.