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plus triste que le premier ; mais écoutez : le hasard nous a envoyé l’ami dont vous pensez que nous avons besoin.

Duncan écouta et comprit sur-le-champ ce qu’elle voulait dire. Le son lent et sérieux de la musique sacrée, si connu dans les colonies situées à l’est, frappa son oreille, et le fit courir sur-le-champ dans un bâtiment adjacent qui avait déjà été abandonné par ceux qui l’avaient occupé. Il y trouva David La Gamme.

Duncan resta à la porte sans se montrer, jusqu’au moment où le mouvement de main dont David accompagnait toujours son chant ayant cessé, il crut que sa prière était terminée ; et lui touchant alors l’épaule, pour attirer son attention, il lui expliqua en peu de mots ce qu’il désirait de lui.

— Bien volontiers, répondit l’honnête disciple du roi-prophète. J’ai trouvé dans ces deux jeunes dames tout ce qu’il y a de plus avenant et de plus mélodieux ; et après avoir partagé de si grands périls, il est juste que nous voyagions ensemble en paix. Je les suivrai dès que j’aurai terminé ma prière du matin, et il n’y manque plus que la doxologie. Voulez-vous la chanter avec moi ? L’air en est facile : c’est celui qui est connu sous le nom de Southwell.

Rouvrant alors son petit volume, et se servant de nouveau de son instrument pour suivre le ton exact de l’air, David continua son cantique avec une attention si scrupuleuse, que Duncan fut obligé d’attendre jusqu’à ce que le dernier verset fût terminé ; mais ce ne fut pas sans plaisir qu’il le vit remettre ses lunettes dans leur étui et son livre dans sa poche.

— Vous aurez soin, lui dit-il alors, que personne ne manque au respect dû à ces jeunes dames, et ne se permette devant elles aucun propos grossier qui aurait pour but de blâmer la conduite de leur père ou de plaisanter sur ses infortunes. Les domestiques de sa maison vous aideront à vous acquitter de ce devoir.

— Bien volontiers, répéta David.

— Il est possible, continua le major, que vous rencontriez en chemin quelque parti d’Indiens ou quelques rôdeurs français : en ce cas, vous leur rappellerez les termes de la capitulation, et vous les menacerez, si cela était nécessaire, de faire rapport de leur conduite à Montcalm. Un seul mot suffira.

— Et s’il ne suffisait pas, je leur parlerais sur un autre ton, répondit David en reprenant son livre et ses lunettes avec un air de pieuse confiance. J’ai ici un cantique qui, chanté convenable-