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— Non, non, non ! mourons plutôt ! mourons ensemble, comme nous avons vécu.

— Eh bien ! meurs donc ! s’écria Magua en grinçant les dents de rage quand il entendit une jeune fille qu’il croyait faible et sans énergie montrer tout à coup tant de fermeté. Il lança contre elle une hache de toutes ses forces, et l’arme meurtrière, fondant l’air sous les yeux d’Heyward, coupa une tresse des cheveux d’Alice, et s’enfonça profondément dans l’arbre, à un pouce au-dessus de sa tête.

Ce spectacle mit Heyward hors de lui-même ; le désespoir lui donna de nouvelles forces ; un violent effort rompit les liens qui le tenaient attaché, et il se précipita sur un autre sauvage qui, en poussant un hurlement horrible, levait son tomahawk pour en porter un coup plus sûr à sa victime. Les deux combattants luttèrent un instant, et tombèrent tous deux sans se lâcher, mais le corps presque nu du Huron offrait moins de prise au major ; son adversaire lui échappa, et lui appuyant un genou sur la poitrine, il leva son couteau pour le lui plonger dans le cœur. Duncan voyait l’instrument de mort prêt à s’abaisser sur lui, quand une balle passa en sifflant près de son oreille ; le bruit d’une explosion se fit entendre en même temps ; Heyward sentit sa poitrine soulagée du poids qui pesait sur lui, et son ennemi, après avoir chancelé un moment, tomba sans vie à ses pieds.


CHAPITRE XII


Le Clown. Je pars, Monsieur, et dans un moment je serai de retour auprès de vous.
ShakspeareLa soirée des Rois.


Les Hurons restèrent immobiles en voyant la mort frapper si soudainement un de leurs compagnons. Mais tandis qu’ils cherchaient à voir quel était celui qui avait été assez hardi et assez sûr de son coup pour tirer sur son ennemi sans crainte de blesser celui qu’il voulait sauver, le nom de la Longue-Carabine sortit simultanément de toutes les bouches, et apprit au major quel était son