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incontestable ; eh bien ! cependant, qu’un écrivain se hasarde à donner à l’imagination des autres la carrière qu’il n’aurait dû donner qu’à la sienne, par une contradiction nouvelle il aura presque toujours à s’en repentir. Tout ce qui peut être expliqué doit donc l’être avec soin, au risque de mécontenter cette classe de lecteurs qui trouvent d’autant plus de plaisir à parcourir un ouvrage, qu’il leur offre plus d’énigmes à deviner ou plus de mystères à éclaircir. C’est par l’exposé préliminaire des raisons qui l’obligent dès le début à employer tant de mots inintelligibles que l’auteur commencera la tâche qu’il s’est imposée. Il ne dira rien que ne sache déjà celui qui serait le moins versé du monde dans la connaissance des antiquités indiennes.

La plus grande difficulté contre laquelle ait à lutter quiconque veut étudier l’histoire des sauvages indiens, c’est la confusion qui règne dans les noms. Si l’on réfléchit que les Hollandais, les Anglais et les Français, en leur qualité de conquérants, se sont permis tour à tour de grandes libertés sous ce rapport ; que les naturels eux-mêmes parlent non seulement différentes langues, et même les dialectes de ces mêmes langues, mais qu’ils aiment en outre à multiplier les dénominations, cette confusion causera moins de surprise que de regret ; elle pourra servir d’excuse pour ce qui paraîtrait obscur dans cet ouvrage, quels que soient d’ailleurs les autres défauts qu’on puisse lui reprocher.

Les Européens trouvèrent cette région immense qui s’étend entre le Penobscot et le Potomac, l’Océan atlantique et le Mississipi, en la possession d’un peuple qui n’avait qu’une seule et même origine. Il est possible que sur un ou deux points les limites de ce vaste territoire aient été étendues ou restreintes par les nations environnantes ; mais telles en étaient du moins les bornes naturelles et ordinaires. Ce peuple avait le nom générique de Wapanachki, mais il affectionnait celui de Lenni Lenape, qu’il s’était donné, et qui signifie « un peuple sans mélange ». L’auteur avoue franchement que ses connaissances ne vont pas jusqu’à pouvoir