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considération fut probablement ce qui accéléra leur résolution, et ce qui mit ensuite une grande promptitude dans leurs mouvements.

Pendant cette courte conférence, Heyward eut le loisir d’admirer la prudence avec laquelle les Hurons avaient effectué leur débarquement après la cessation des hostilités.

On a déjà dit que la moitié de cette petite île était un rocher au pied duquel s’étaient arrêtés quelques troncs d’arbres que les eaux y avaient entraînés. Ils avaient choisi ce point pour y faire leur descente, probablement parce qu’ils ne croyaient pas pouvoir remonter le courant rapide, formé plus bas par la réunion des deux chutes d’eau. Pour y réussir, ils avaient porté le canot dans les bois, jusqu’au delà de la cataracte ; ils y avaient placé leurs armes et leurs munitions, et tandis que deux sauvages les plus expérimentés se chargeaient de le conduire avec le chef, les autres le suivaient à la nage. Ils avaient débarqué ainsi au même endroit qui avait été si fatal à ceux de leurs compagnons qui y étaient arrivés les premiers, mais avec l’avantage d’être en nombre bien supérieur et d’avoir des armes à feu. Il était impossible de douter que tel eût été leur arrangement pour arriver, puisqu’ils le conservèrent pour partir. On transporta le canot par terre, d’une extrémité de l’île à l’autre, et on le lança à l’eau près de la plate-forme où le chasseur avait lui-même amené ses compagnons.

Comme les remontrances étaient inutiles et la résistance impossible, Heyward donna l’exemple de la soumission à la nécessité en entrant dans le canot dès qu’il en reçut l’ordre, et il y fut suivi par David La Gamme. Le pilote chargé de conduire le canot, y prit place ensuite, et les autres sauvages le suivirent en nageant. Les Hurons ne connaissaient ni les bas-fonds, ni les rochers à fleur d’eau du lit de cette rivière, mais ils étaient trop experts dans ce genre de navigation pour commettre aucune erreur, et pour ne pas remarquer les signes qui les annoncent. Le frêle esquif suivit donc le courant rapide sans aucun accident, et au bout de quelques instants les captifs descendirent sur la rive méridionale du fleuve, presque en face de l’endroit où ils s’étaient embarqués la soirée précédente.

Les Indiens y tinrent une autre consultation qui ne fut pas plus longue que la première, et pendant ce temps quelques sauvages allèrent chercher les chevaux, dont les hennissements de terreur avaient probablement contribué à faire découvrir leurs maîtres. La