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PRÉFACE DE LA NOUVELLE ÉDITION DE LIONEL LINCOLN.




Peut-être il n’y a pas de pays dont l’histoire prêté moins à la poésie que celle des États-Unis d’Amérique. L’imprimerie était en usage longtemps avant l’établissement des premiers colons, et la politique des provinces et des États fut toujours d’encourager la propagation des lumières. Il n’y a donc pas dans toute l’histoire d’Amérique un fait obscur, et il n’y en a pas même de douteux ; tout est non seulement connu, mais si bien et si généralement connu, qu’il ne reste rien à embellir pour l’imagination d’un auteur. Il est vrai que le monde est tombé dans ses erreurs ordinaires relativement à des réputations individuelles, prenant pour guide les actions les plus frappantes et les plus facilement comprises, afin d’établir des conséquences sur lesquelles il se fonde pour appuyer un jugement, tandis que celui qui a profondément étudié la nature humaine sait que les défauts et les qualités les plus opposés se disputent souvent le même cœur. Mais le rôle du poète n’est point de détruire ces erreurs, car il n’y a pas de maladresse plus promptement suivie de châtiment que la tentative d’instruire des lecteurs qui ne veulent être qu’amusés. L’auteur connaît cette vérité par expérience, ainsi que par les difficultés qu’il rencontra en écrivant cet ouvrage, le seul ouvrage