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vous quelque chose qui puisse servir d’assiette ? cette bonne femme doit aussi avoir besoin de manger, et comme c’est à peu près l’heure de mon souper, je ne vois pas pourquoi je n’en ferais pas autant ; il est rare qu’on puisse jouir en même temps de deux semblables plaisirs.

Le bon Polwarth continua de parler ainsi jusqu’au moment où les soins de Shearflint lui eurent donné une occupation différente ; et le magasin dans lequel il était entré peu auparavant, en roulant dans sa tête des idées de vengeance, offrit l’étrange spectacle d’un capitaine des troupes de ligne de Sa Majesté partageant l’humble repas d’une pauvre femme et d’un idiot dans l’asile de la pauvreté même.



CHAPITRE XXVIII.


Messire Thurio, permettez, je vous prie, un moment ; nous avons quelques secrets à nous dire.
ShakspeareLes deux gentilshommes de Vérone.



Pendant que les événements détaillés dans les deux derniers chapitres se passaient dans le vieux magasin abandonné où Abigaïl Pray avait établi son domicile, une scène toute différente avait lieu dans un grand édifice situé dans une rue qui aboutissait sur la place du marché. Comme c’était l’usage à cette heure de la soirée, les fenêtres de Fanneil-Hall resplendissaient de lumières, comme pour faire mieux ressortir les ténèbres profondes qui enveloppaient l’église voisine. Tous les environs de cette résidence privilégiée du représentant de la royauté étaient gardés par des hommes armés. C’est dans ce séjour favori que nous devons maintenant nous transporter pour reprendre le fil de notre narration.

Des domestiques couverts de riches livrées militaires parcouraient les appartements avec la rapidité qu’exigeait la ponctualité requise dans leur service. Les uns portaient des carafes remplies des meilleurs vins dans la salle où le général en chef Howe