CHAPITRE XXIII.
es quatre amis, pensifs et silencieux, entrèrent dans le sleigh,
et la voix seule de Polwarth se fit entendre lorsqu’il donna précipitamment
ses ordres au domestique qui formait la portière. Le
docteur Liturgy s’avança alors, et fit aux mariés les compliments
d’usage. Le sleigh partit avec la même rapidité que si le cheval
qui le traînait eût pu deviner l’impatience de ses maîtres, et bientôt
le bruit de la voiture s’unit seul à celui de la tempête, dans des
rues que tous les êtres vivants paraissaient avoir abandonnées.
Dès que Polwarth eut descendu ses compagnons à la porte de
Mrs Lechmere, il murmura les mots de bonheur et de demain,
et oubliant le souper auquel il avait été invité, il repartit avec la
même vitesse qu’il était venu. En entrant dans la maison, Agnès
monta chez sa tante pour lui apprendre que la cérémonie était
terminée, tandis que Lionel conduisait sa jeune épouse dans le
parloir.
Cécile immobile et debout ressemblait à une statue, pendant que son mari la débarrassait de son schall et de sa pelisse ; ses yeux fixés sur le parquet et toute son attitude exprimaient l’émotion profonde que lui avait fait éprouver la scène qui venait de se passer. Lorsqu’elle eut dégagé sa taille légère des vêtements lourds et chauds dont il l’avait enveloppée lui-même en sortant de l’église, il l’attira doucement vers le sofa, où il s’assit près d’elle, et, pour la première fois depuis qu’elle avait prononcé le oui solennel, elle rompit le silence.
— Était-ce un effrayant présage ? dit-elle en balbutiant tandis qu’il la pressait contre son cœur, ou n’était-ce qu’une horrible vision ?
— Ce n’était rien, mon amour… c’était une ombre… celle de Job Pray, qui était venu avec moi pour allumer les cierges.