— Allez donc, mes enfants, et hâtez les préparatifs nécessaires, dit Mrs Lechmere. C’est un nœud solennel que vous allez former ; il doit être, il sera heureux.
Lionel pressa la main de sa bien-aimée, et se retira, tandis que Cécile, se jetant dans les bras de sa grand-mère, se soulagea par un torrent de larmes. Mrs Lechmere ne repoussa pas son enfant ; elle la pressa au contraire contre son cœur ; mais un observateur attentif aurait facilement remarqué que ses regards exprimaient plutôt le triomphe de l’orgueil que l’émotion naturelle qu’une telle scène aurait dû lui inspirer.
CHAPITRE XXI.
e major Lincoln ne s’était pas trompé : les cérémonies du
mariage dans le Massachusetts étaient appropriées à l’état d’enfance
du pays, et n’opposaient que de bien légers retards à l’impatience
des amants. Cécile cependant, qui avait été élevée dans
le sein de l’église anglicane, tenait à ses formes et à ses cérémonies
avec une affection que justifiaient leur beauté et leur solennité[1].
Quoique les colons choisissent presque toujours le dimanche pour
célébrer leurs mariages, la rage de la réformation avait exclu les
autels d’une grande partie de leurs temples, et il était rare qu’ils
fissent bénir leur union dans la maison du Seigneur. Mais miss
Dynevor avait toujours trouvé cette coutume inconvenante, et,
désirant mettre toute la solennité possible à une action dont elle
sentait vivement l’importance, elle exprima le désir de prononcer
les vœux qui devaient l’unir à Lionel dans l’église où elle avait
coutume de venir prier, et devant cet autel qui l’avait vue prosternée
le matin même, lorsque son cœur pur et reconnaissant
- ↑ Ce n’est pas sans raison que le culte épiscopal a été défini un catholicisme mitigé.