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liam pour conduire l’affaire, et maintenant nous sommes en présence des révoltés, qui ont déjà appris que notre chef n’est pas un enfant dans la conduite d’une guerre.

— Secondé par des hommes tels que Clinton et Burgoyne, et soutenu par l’élite de nos troupes, il peut aisément se maintenir dans sa position.

— Je ne connais pas de position, major Lincoln, s’écria vivement Polwarth, où il soit facile de se maintenir en face de la famine interne et externe.

— Quoi ! en est-on déjà là ?

— Vous en jugerez vous-même, mon cher ami. Quand le parlement eut fermé le port de Boston, tous les colons ne faisaient que murmurer, et maintenant que nous l’avons ouvert, et que nous serions charmés d’y voir entrer des provisions, du diable si une seule s’en approche. Ah ! Meriton, voilà donc l’entre-côte. Mettez-le sur cette table, approchez-le du fauteuil de votre maître, et allez me chercher un couvert, car j’ai fait ce matin un assez pauvre déjeuner. Si bien donc que nous sommes réduits à nos propres ressources, et encore les rebelles ne nous en laissent-ils pas jouir paisiblement. Cet entre-côte est cuit fort à propos ; voyez comme le jus en sort sous le couteau. Ils ont été jusqu’à équiper des corsaires qui interceptent nos convois, et heureux celui qui peut se procurer un repas comme celui qui est devant nous.

— Je n’aurais pas cru que les Américains eussent pu nous réduire à une pareille extrémité.

— Ce que je viens de vous dire est d’une importance critique, mais ce n’est pas tout. Si quelqu’un est assez heureux pour pouvoir se procurer les matières premières pour faire un bon dîner (vous auriez dû frotter ces assiettes avec un ognon, monsieur Meriton), il lui faut du bois ou du charbon pour les mettre en œuvre, et je ne sais où il peut en trouver.

— En voyant l’abondance dont je suis entouré, mon cher Polwarth, je ne puis m’empêcher de croire que votre imagination exagère le mal.

— C’est la vôtre qui est en défaut, et quand vous sortirez d’ici vous reconnaîtrez que ce que je vous dis n’est que trop vrai. En