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avaient détachées du manteau de leurs cheminées où elles étaient suspendues, sans même une bannière qu’ils pussent planter sur leur redoute, et dont la vue servit à les animer, ils étaient inébranlables à leur poste, soutenus seulement par la justice de leur cause, et par ces principes profondément enracinés dans leurs cœurs, qu’ils avaient reçus de leurs pères, et qu’ils voulaient soutenir dans cette journée pour les transmettre intacts à leurs enfants. On sut ensuite que leurs peines et leurs fatigues avaient été bien plus grandes encore qu’on n’avait d’abord pu se l’imaginer, et qu’ils étaient privés de ces aliments nécessaires à l’homme pour soutenir son courage même dans les moments de calme et de tranquillité, tandis que leurs ennemis, en attendant l’arrivée de tous leurs renforts, faisaient tranquillement un repas qui, pour un grand nombre d’entre eux, devait être le dernier.

Bientôt l’instant fatal parut approcher. Les barques en retard étaient arrivées amenant le reste des troupes. Des officiers couraient de régiment en régiment porter les derniers ordres de leur chef. Il s’opéra un mouvement général parmi les bataillons anglais, qui commencèrent à s’étendre le long de la côte, à couvert sous le penchant de la colline. Dans ce moment un corps d’Américains parut sur le sommet de Bunker-Hill, et descendant légèrement le long de la route, disparut dans les prairies à gauche de la redoute de leurs compatriotes. Ce détachement fut suivi de plusieurs autres qui traversèrent également le passage étroit, en bravant le feu de vaisseaux, et qui s’empressèrent aussi d’aller rejoindre leurs camarades au bas de la colline. Le général anglais se détermina aussitôt à prévenir l’arrivée de nouveaux renforts, et l’ordre impatiemment attendu de se préparer à l’attaque fut donné sur toute la ligne.