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En conséquence, plusieurs de ceux qui se trouvaient élevés au même grade que lui savaient partagé avec son père ces travaux dans lesquels le Cœur-de-Lion d’Amérique s’était rendu si illustre par ses exploits. Le nom de Putnam était toujours prononcé par ces braves vétérans qui devaient le connaître le mieux, avec un ton d’affection sincère et presque romanesque ; et lorsque les vils conseillers qui entouraient le commandant en chef proposèrent de chercher à le détacher de la cause des colons en lui promettant des richesses et des emplois, les anciens compagnons du vieux partisan écoutèrent cette proposition avec un sourire d’incrédulité méprisante que l’événement justifia. De semblables offres furent faites à d’autres Américains dont on jugeait les talents dignes d’être achetés ; mais les principes du jour avaient jeté des racines si profondes, que pas un homme jouissant de quelque considération ne voulut les écouter.

Tandis qu’on avait recours à ces épreuves politiques, au lieu d’adopter des mesures plus énergiques, des troupes continuaient à arriver d’Angleterre, et, avant la fin de mai, plusieurs chefs renommés parurent dans le conseil de Gage, qui avait alors une force disponible de huit mille baïonnettes. L’arrivée de ces forces fit revivre l’esprit abattu de l’armée, et de jeunes orgueilleux, qui venaient de figurer à la parade dans leur île si vantée, se trouvaient humiliés en songeant qu’une telle armée se trouvait resserrée dans la péninsule par une bande de paysans mal armés, sans connaissance de la guerre, et manquant de munitions. Leur humiliation fut encore augmentée par les sarcasmes des Américains qui commençaient à plaisanter à leur tour, et surtout aux dépens de Burgoyne[1], un des chefs de l’armée royale, qui, dès l’instant de son arrivée, avait eu la gloriole d’afficher son intention de reculer les limites dans lesquelles l’armée anglaise était enfermée. L’aspect de l’intérieur du camp britannique annonçait pourtant que les chefs de l’armée avaient l’intention d’agrandir leurs possessions, et tous les yeux se tournaient vers les hauteurs de Charlestown, point qui semblait devoir être le premier occupé.

Aucune position militaire ne pouvait être plus heureusement placée, quant à la situation, pour se soutenir réciproquement et

  1. Fameux depuis la défaite de Saratoga.