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nouveau, à la tête de leurs compagnies respectives, le long de la grande route.

Si tel était le résultat d’une première rencontre sur l’esprit des officiers, les effets qu’elle produisit sur les simples soldats étaient encore plus révoltants. Leurs plaisanteries grossières, les regards insultants qu’ils jetaient en passant sur les déplorables victimes de leur expérience militaire, la brutalité des expressions que la plupart d’entre eux employaient pour peindre l’ivresse de leur triomphe, ne témoignaient que trop clairement qu’après s’être plongés une fois dans le sang, ils étaient prêts, comme des tigres altérés, à s’en repaître de nouveau, jusqu’à ce que leur soif fût assouvie.




CHAPITRE X.


Tous les Grahams du clan de Nelerby montèrent à cheval, les Forsters, les Fenvick, les Musgraves accoururent : il y eut un bruit de chasse et de chevaux sur la plaine de Cannoby.
Sir Walter Scott.


La pompe militaire avec laquelle les troupes marchaient en sortant de Lexington, nom du petit village où s’étaient passés les événements que nous avons rapportés dans le chapitre qui précède, fit bientôt place à l’air tranquille et affairé de gens sérieusement occupés du soin d’accomplir l’objet qu’ils ont en vue. Ce n’était plus un secret que le détachement se rendait à deux milles plus loin dans l’intérieur pour détruire les munitions dont il a été déjà parlé, et qui, comme on l’avait appris, étaient réunies à Concorde, ville où le congrès des députés provinciaux, que les colons avaient substitué aux anciennes magistratures de la province, tenait ses séances. Comme la marche ne pouvait plus se cacher il devint nécessaire de doubler de vitesse pour assurer le succès de l’expédition.

L’officier vétéran de marine, dont nous avons si souvent parlé, reprit son poste à l’avant-garde ; et, à la tête des mêmes compagnies d’infanterie légère qui l’avaient accompagné auparavant, il