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de M. Dunscomb, les trois personnes dont nous venons de parler étaient assises à déjeuner. Les fenêtres étaient ouvertes, et un air doux et parfumé remplissait l’appartement. La salle à manger donnait sur la cour qui, parsemée de buissons, semblait, par sa dimension, et par les soins de Sarah, une espèce d’oasis dans ce désert de briques.

La famille n’était pas seule ce matin-là. Jack avait invité un nommé Michel Millington, qui, dans ce petit cercle, paraissait être tout à fait chez lui. L’appétit allait bon train, quoiqu’il restât dans les quatre tasses du thé ou du café, et Sarah remuait le sien nonchalamment, pendant que son tendre regard se portait avec intérêt sur les figures des deux jeunes gens. Jack avait une feuille de papier placée entre eux deux, leurs têtes se touchaient, et tous deux étudiaient ce qui y était écrit au crayon. Quant à M. Dunscomb, il était entouré de documents de toutes sortes. Deux ou trois journaux du jour, qu’il regardait sans les lire, étaient étendus, tout ouverts, sur le parquet ; de chaque côté de son assiette étaient une requête, quelques baux ou renouvellements d’actes, tandis qu’il tenait à la main une copie du nouveau Code dont on a tant parlé. Il semblait peu partisan de cette grande innovation. Il grommelait çà et là en lisant, posait de temps en temps le livre, et paraissait méditer. Tous ces mouvements étaient entièrement perdus pour Sarah, dont les doux yeux bleus étaient attachés sur la contenance des deux jeunes gens. À la fin, Jack saisit le papier, et écrivit précipitamment une ligne ou deux avec le crayon.

— Voilà, Michel, dit-il d’un air de satisfaction ; je pense que cela fera bien.

— Ça a le mérite d’un bon toast, répondit l’ami, d’un léger air de doute ; c’est sentencieux.

— Comme tout toast doit l’être. Si nous devons avoir ce dîner, et les discours, et les publications qui s’ensuivent d’ordinaire, je préfère que nous nous produisions avec quelque autorité. De grâce, Monsieur, dit-il, levant les yeux sur son oncle, qu’en pensez-vous maintenant ?

— Absolument ce que j’en ai toujours pensé, Jack : cela n’ira