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idées que nous avons de nos propres devoirs. Maintenant écoutez mon raisonnement. Sous le rapport physique, l’homme est fort, la femme est faible ! tandis qu’au point de vue moral la femme est forte et l’homme est faible. Vous admettez mes prémisses ?

— La première partie, sans contredit, dit Anna en riant, et quant à la seconde, je me déclare incompétente.

— Vous ne croyez pas, à coup sûr, que John Wilmeter soit aussi pur, aussi candide, aussi bon que vous l’êtes vous-même ?

— Je ne vois pas de raison pourquoi il ne le serait pas. Je ne sais même pas trop si John n’est pas meilleur que moi.

— Il est inutile de discuter cette question avec vous. Le principe d’orgueil n’existe pas en vous, et sans lui vous ne pouvez jamais entrer dans ma manière de voir.

— Je suis bien aise qu’il en soit ainsi. Je m’imagine que John n’en sera que plus heureux. Ah ! chère amie, je n’ai jamais vu rien de bon provenir de ce que vous appelez « le principe d’orgueil. » On nous dit d’être humbles, et non orgueilleuses. Il vaut mieux pour nous autres femmes que nous ayons des guides dans les personnes de nos maris.

— Anna Updyke, épousez-vous John Wilmeter dans la pensée qu’il doit vous guider ? Vous tenez peu de compte des progrès des temps, des « mœurs du jour, » enfant, si vous avez une semblable faiblesse. Regardez autour de vous, voyez comme chacun, presque comme chaque chose tend à devenir indépendante. Autrefois, et ce que je dis je le tiens de la bouche de personnes âgées, si une femme était malheureuse dans son intérieur, elle était forcée de souffrir jusqu’au bout. La querelle durait toute la vie. Aujourd’hui on ne songe plus à être si misérable. Non, ni la femme outragée, ni même la femme molestée (M. de Larocheforte prise abominablement, oui, abominablement), ni aucune femme, en un mot, à cette époque d’indépendance et de raison, n’est obligée d’endurer un mari qui prise.

— Non, dit tout à coup Dunscomb, débouchant d’un sentier voisin, elle n’a qu’à faire un paquet de son argenterie et à s’enfuir. Le Code ne peut jamais l’atteindre. Votre serviteur, Mes-