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même opinion si je n’avais rien su des rapports parvenus à mes oreilles au sujet des personnes dont ce sont les restes présumés.

— Quand vous vous êtes d’abord formé une opinion sur le sexe des personnes dont voici les restes, aviez-vous appris qu’une Allemande demeurait dans la maison des Goodwin à l’époque du feu ?

— Je ne le crois pas, quoique j’aie tenu si peu compte de ces rumeurs que je ne sais trop où je fus la première fois instruit de cette circonstance. Je me rappelle néanmoins que j’étais sous l’impression que ces restes étaient sans contredit ceux de Pierre Goodwin et de sa femme quand je commençai à les examiner, et je me souviens parfaitement de ma surprise quand la conviction traversa mon esprit que c’étaient deux squelettes de femmes. D’après la nature de ce sentiment, je suis assez porté a croire que je puis bien n’avoir pas entendu parler de l’Allemande à cette époque.

Le contre-interrogatoire du docteur Mac-Brain fut très-long et méticuleux, mais il n’affectait pas essentiellement la substance de son témoignage, au contraire, il le fortifiait plutôt, puisqu’il avait été à même de s’expliquer plus catégoriquement dans l’interrogatoire de Williams qu’il ne pouvait le faire dans l’enquête. Toutefois il ne put aller plus loin que de donner son opinion, refusant de se prononcer positivement sur le sexe de l’un ou de l’autre individu dans l’état où se trouvaient les restes.

Quoiqu’on n’obtînt rien de positif par ce témoignage, l’esprit des jurés se porta avec attention sur la circonstance de la disparition soudaine et inexplicable de l’Allemande ; ce qui permettait d’élever des doutes sérieux concernant le sort de cette personne. C’était une chose triste à penser qu’indépendamment du témoignage de Mac-Brain, on ne pouvait guère présenter d’autres preuves positives en faveur de l’accusée. Il est vrai que l’insuffisance de celles qu’avait produites l’accusation pouvait être d’un grand secours à la prisonnière, et Dunscomb vit bien que sur ce point reposait tout espoir d’acquittement, mais il ne put s’empê-