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Si vous savez tout, vous devez savoir qu’il a un courage inébranlable, un bras terrible, Cédez-lui tranquillement, et il ne vous fera pas le moindre mal. Croyez-moi, croyez une femme qui le connaît parfaitement ; c’est un agneau plein de douceur quand on ne lui résiste pas, mais il devient un lion terrible au milieu de ses ennemis.

— Comme nous ne sommes pas du genre féminin, répondit Borroughcliffe en fronçant légèrement les sourcils, nous braverons la fureur du roi des animaux. Il doit avoir en ce moment la griffe sur la porte extérieure, et si mes ordres ont été bien exécutés, il entrera ici encore plus facilement que le loup n’est entré chez la respectable grand-mère du petit Chaperon-Rouge.

— Arrêtez un instant ! s’écria Catherine respirant à peine. Vous êtes instruit de mon secret, capitaine Borroughcliffe, et il peut en résulter une affreuse effusion de sang. Mais je puis encore aller lui parler et sauver la vie de bien des victimes. Donnez-moi votre parole d’honneur que tous ceux qui sont venus ici cette nuit comme ennemis seront libres de se retirer en paix, et je vous réponds sur ma vie de la sûreté de l’abbaye.

— Écoutez-la ! s’écria Cécile ; ne répandez pas le sang humain !

Un grand bruit qui se fit entendre dans la chambre voisine interrompit la conversation. Il ressemblait à celui d’une fenêtre qui se brise, et au même instant on entendit plusieurs hommes sauter rapidement les uns après les autres sur le plancher. Borroughcliffe se retira avec beaucoup de sang-froid à l’autre bout de l’appartement, et prit son épée appuyée contre la chaise qu’il venait de quitter. Mais déjà Barnstable entrait dans la chambre, seul, mais bien armé.

— Vous êtes mes prisonniers, Messieurs, dit-il en s’avançant ; rendez-vous sans résistance, et vous serez bien traités. Ah ! miss Plowden ! je vous avais dit de ne pas vous trouver à cette scène !

— Nous sommes trahis, Barnstable, s’écria Catherine avec une vive agitation ; mais il n’est pas encore trop tard ; il n’y a pas eu de sang répandu, et vous pouvez vous retirer avec honneur sans en venir à cette cruelle alternative. Retirez-vous ; ne perdez pas un instant ; car si les soldats du capitaine Borroughcliffe venaient à son secours, l’abbaye serait une scène d’horreur.

— Retirez-vous, Catherine, retirez-vous, dit le jeune lieutenant avec impatience ; ce n’est point ici votre place. Et vous, capitaine