Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quels l’œil ne pouvait se fixer sans fatigue allaient être convertis en belles collines verdoyantes qui deviendraient, au contraire, un repos pour la vue. Il connaissait assez les lois de la végétation pour savoir qu’une fois que les racines des herbes se seraient infiltrées dans les crevasses presque invisibles de la roche, elles pourvoiraient d’elles-mêmes à leurs besoins par leurs émanations successives qui, en aidant à leur reproduction, ajouteraient à la fertilité. Toutefois, il ne manqua pas de faciliter ce travail de la nature en mettant encore partout du guano, puisque cet engrais avait produit de si merveilleux effets.

Bob montrait pour la pêche le même goût que Marc pour le jardinage, et il rapportait de telles quantités de poissons que celui-ci songea à en faire aussi de l’engrais. Profitant des quelques heures de fraîcheur du matin et du soir, il se mit à préparer, dans la plaine du Cratère, un emplacement convenable ; il y enfouit tous les poissons qui ne leur étaient pas nécessaires, pour les y laisser entrer en décomposition. Bob ne négligeait pas non plus l’approvisionnement d’herbes marines, qui s’élevaient en monceau, mêlées au guano et au limon. Mais ces divers travaux durent se ralentir à mesure que la saison avançait. Malgré la brise, le soleil avait une ardeur qui, en plein midi, n’était pas supportable, et qui pompait l’eau amassée dans les cavités des rochers ; aussi fallut-il pendant plusieurs semaines faire des distributions régulières au troupeau sur la provision d’eau qu’on avait eu le bon esprit d’amasser dans les temps d’abondance.

Marc consacra ces heures de loisir au bâtiment. Saisissant les moments favorables, il déferla successivement toutes les voiles, les sécha complétement, les désenvergua, et les rangea dans l’entrepont. La tente fut mise en place ; les ponts furent lavés matin et soir, ce qui avait le double avantage d’entretenir la propreté et d’empêcher le bois de jouer. Ce fut alors que, pour la première fois depuis leur solitude, la cale fut l’objet d’une visite et d’une inspection minutieuse. On y trouva beaucoup d’articles utiles, et, entre autres, deux barils de vinaigre que