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Récif de discuter ces théories : le commerce qui se faisait était véritablement libre, et, de plus, le principe du gouvernement avait des bases solides. Loin de monopoliser le commerce de la colonie, ce que sa position et sa fortune personnelle lui eussent rendu facile, le gouverneur Woolston agissait de la manière la plus libérale. À l’exception de l’Anna, bâtiment construit par la colonie, le conseil avait décidé, suivant le droit le plus strict, que tous les bâtiments étaient la propriété particulière du gouverneur. Cette décision n’eut pas plus tôt été rendue que Marc Woolston transféra la propriété de la Sirène et de l’Abraham à l’État ; la première pour servir de croiseur, le second pour être employé au transport des passagers et des marchandises d’une île à l’autre. La Neshamony fut concédée en toute propriété à Bob Betts, qui sut en tirer un excellent parti, en organisant un service de cabotage qui ne tarda pas à lui rapporter d’immenses bénéfices. Pour donner encore plus de facilités à son vieux camarade, Marc résolut de lui faire construire un sloop, qui servirait en même temps de paquebot et de bâtiment marchand. On se mit donc à l’œuvre et, au bout de six mois, un bâtiment de quarante-cinq tonneaux fut mis à flot. Dans l’intervalle, l’honnête garçon, qui se rendait justice, avait renoncé de lui-même à sa place dans le conseil, composé d’hommes plus instruits et d’une classe plus élevée que lui. Marc comprit ses scrupules et ne chercha pas à retenir son ami dans des fonctions qui étaient si antipathiques à sa nature.

La nouvelle embarcation reçut le nom de Marthe, hommage rendu à la tendre et active compagne de Bob. Elle était légère à la course (elle, l’embarcation, et non mistress Betts), et avec un mousse et un Kannaka Bob pouvait parfaitement manœuvrer son petit bâtiment. Il allait souvent avec elle au Pic et à l’île Rancocus, ayant toujours à bord quelques articles utiles aux colons ; il fit même, dans les premiers mois, quelques excursions jusqu’au Groupe de Betto. Dans ces petits voyages, il emmenait des naturels comme passagers, et portait aux sauvages différents articles, tels que des hameçons, du vieux fer, des