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CHAPITRE XXIII.


Si ton esprit est droit, et que pur soit ton cœur,
Va sans crainte au combat ; tu sortiras vainqueur.
Drake



Un an se passa après le retour de l’expédition contre les îles de Betto, sans qu’il arrivât aucun événement mémorable. Pendant ce temps Brigitte donna à Marc un beau garçon, et Anne mit au monde son quatrième enfant. Les naissances, dans le cours de cette seule année, avaient atteint le chiffre de soixante-dix-huit. Il y avait eu peu de décès : un seul dans les adultes, résultat d’un accident ; la santé de la colonie était excellente. La statistique, établie vers la fin de l’année, donnait un total de trois cent soixante-dix-neuf âmes, sans compter les Kannakas, — c’était le nom donné aux naturels.

Quant aux travaux de ces Indiens, ils dépassèrent toutes tes prévisions du gouverneur. Ils ne travaillaient pas, il, est vrai, comme des hommes civilisés, et il n’était pas très-aisé de les employer utilement ; mais ils étaient bien précieux pour porter des fardeaux. Le premier soin du gouverneur avait été de donner à tous une habitation convenable, bien close et ne craignant point les pluies. Par bonheur, il n’y avait pas au Récif de ces amas de substances végétales qui produisent tant de fièvres ; et, tant que les colons pourraient éviter l’humidité, leur santé ne courait aucun risque.

Quatre sortes, quatre classes, si l’on veut, de maisons furent élevées, et chaque colon put en choisir une, moyennant, bien entendu, une certaine contribution envers l’État, soit en travail, soit en espèces.

Dans le principe, on ne put songer à construire des habitations complètes, et l’on se contenta, de faire de petites cabanes dont la dimension et les matériaux variaient suivant la fortune