Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/274

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Il serait difficile de peindre la joie du nègre lorsqu’il serra la main de Bob, et qu’il apprit que son maître Marc était si près de lui avec un nombreux renfort. Du reste, comme le gouverneur avait donné à son premier lieutenant pour cette exploration vingt-cinq hommes bien armés, Bob regarda le Cratère comme en sûreté avec une telle garnison. Il renvoya la chaloupe, montée de quatre hommes, pour rendre compte au gouverneur de l’état dans lequel il avait trouvé les choses, puis il songea à organiser la défense.

Au dire de Socrate, il n’y avait pas trop à s’inquiéter, le Récif pouvant être facilement mis à l’abri d’une invasion. L’Abraham était mouillé devant le Pic, dans l’Anse Mignonne ; il en était de même de la Neshamony et de la plupart des embarcations. Les porcs et les vaches étaient les plus exposés bien qu’une partie du bétail fût habituellement gardée au Pic, il y avait encore environ deux cents porcs et huit bêtes à cornes, y compris les jeunes veaux, sur la prairie. Bob, toutefois, craignait moins pour les bêtes à cornes que pour les porcs, et voici pourquoi c’est que les derniers seraient tués par les flèches des sauvages, tandis que Waally ferait tous ses efforts pour prendre les autres vivantes.

Socrate se plut à raconter à Bob tous les progrès de la végétation dans les îles. Partout où des semailles avaient été faites, et recouvertes d’engrais, le gazon avait poussé vert et touffu ; la prairie immense était presque tout entière verte, et assez forte pour recevoir les troupeaux. Les arbres, de toutes sortes, étaient dans l’état le plus florissant, et Socrate assurait à Bob qu’il ne reconnaîtrait pas l’île lorsqu’il la verrait au jour. De pareils discours avaient un charme tout particulier pour les nouveaux colons, qui y prêtaient une oreille avide ; pour ces hommes qui venaient de rester si longtemps à bord d’un bâtiment, la terre ferme et la verdure étaient le paradis. Mais Bob avait à songer à trop de choses pour donner une longue attention aux récits de Socrate, et il s’occupa sérieusement des moyens de défense.

Il n’y avait, à moins de venir par mer, qu’un seul chemin qui