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le faire transporter sur la côte. Bob, porteur des présents, partit sur la Neshamony, accompagné de Jones, qui parlait la langue des sauvages ; ils devaient, aussitôt leur mission terminée, revenir pour aider aux travaux du Rancocus.

Ces travaux furent commencés sans retard. Heaton et Uncus restèrent, comme toujours, au Pic, afin de veiller sur cette partie de la colonie, et de faire aller le moulin. Le reste des hommes retourna au Récif, et se mit à l’œuvre sur le bâtiment. Le premier soin fut de débarrasser le pont de tout ce qui restait d’espars et d’agrès, et de vider la cale ; après quoi chaque objet fut roulé ou porté à terre. La cargaison du Rancocus n’était pas d’un grand poids ; mais il y avait un grand nombre de futailles, au moins deux ou trois fois plus qu’il n’en faut pour un voyage ordinaire. Elles avaient toutes été remplies d’eau douce, dans le double but d’en fournir abondamment à l’équipage, et de lester le bâtiment. Lorsqu’on eut hissé toutes ces caisses sur le pont, et qu’on les eut vidées, on s’aperçut que le navire tirait quelques pouces d’eau de moins qu’auparavant. L’enlèvement des espars, voiles, agrès, provisions, ustensiles, etc., produisit un effet encore plus sensible et en comparant les anciens sondages au tirant actuel du bâtiment, le gouverneur vit qu’il suffirait que celui-ci se soulevât encore de huit pouces pour sortir de son bassin naturel. Ce résultat encouragea fortement les travailleurs, qui se remirent avec plus d’ardeur à l’ouvrage. Chacun travaillait en vue de faire sortir au plus tôt le bâtiment de prison ; il serait temps ensuite de songer à réparer les agrès, à compléter le calfatage, etc.

Au bout d’une semaine, à force d’être allégé, le bâtiment s’était relevé encore de quelques pouces. À la marée haute, une forte brise étant survenue, le gouverneur se décida à essayer de franchir la barrière derrière laquelle il était enfermé. Cet ordre surprit quelque peu les travailleurs, qui pensaient attendre que le navire fût encore un pouce ou deux plus haut. Mais Marc voulait profiter de la brise, et ne perdit pas un instant. Le bâtiment s’ébranla alors, et s’élança sur la barrière ; c’é-