Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 29, 1852.djvu/247

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dra l’appeler, fut sommée de se rendre, et son commandant reçut ordre non-seulement de la quitter, mais de sortir de l’île. La réponse fut un refus. Avant de la recevoir, tout était prêt à bord pour soutenir vigoureusement la sommation. Ooroony débarqua en personne, et fut reçu dans l’île par ses amis, qui, assurés de l’appui du schooner, saisirent leurs armes comme un seul homme, et formèrent une force capable de jeter à la mer toute la bande de Waally. Néanmoins, les assiégés opposèrent une vive résistance jusqu’à ce que Marc eût pointé contre eux sa pièce de six. La mitraille traversa les palissades, et, sans avoir blessé personne, fit un tel bruit, que le commandant en chef envoya une branche de palmier en signe de soumission. Cette conquête, faite sans effusion de sang, amena une révolution dans la plupart des petites îles, et, en quarante-huit heures, Ooroony se retrouva dans la position qu’il occupait lorsque Bob Betts était venu sur la Neshamony. Waally tâcha de donner aux événements la meilleure tournure possible ; il vint donc, reconnut ses crimes, obtint son pardon et paya tribut. L’effet de cette soumission fut d’établir Ooroony plus puissant que jamais, et de lui donner une chance de régner paisiblement le reste de ses jours. Tout cela s’était accompli en moins d’une semaine depuis l’invasion du Récif, qui avait, commencé la guerre !

Le gouverneur désirait trop vivement faire cesser l’inquiétude de ceux qu’il avait laissés derrière lui, pour accepter l’invitation d’un plus long séjour aux îles. Il fit quelques échanges avec les habitants, et en obtint divers objets qui devaient lui être utiles, en échange de vieilles ferrailles et d’autres choses sans valeur. Depuis, il eut la certitude que le bois de sandal, rare dans l’île Rancocus, se trouvait dans le Groupe en grande abondance. En conséquence, un traité fut conclu, par lequel les sauvages devaient couper et disposer une quantité considérable de ce bois, que le schooner viendrait chercher à trois mois de là. Ces arrangements terminés, l’Abraham mit à la voile.

Au lieu de s’engager dans les courants sous le vent, Marc