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rent de la plaine, il n’avait d’arbres d’aucune espèce, et s’élevait par une montée assez rapide à une grande hauteur. Sur ses flancs, on voyait des traces de verdure, mais elles s’arrêtaient au commencement du sommet. Du point le plus élevé, il était évident que la vue embrassait toute la surface de l’île et l’Océan qui l’environnait, jusqu’à une grande distance.

Ranimé par la courte halte qu’il venait de faire, et surtout par le dîner succulent qui l’avait accompagné, le jeune aventurier reprit son sac, et se mit à entreprendre une ascension qui n’était pas sans fatigue. Il l’effectua cependant en moins d’une heure, et il se trouva bientôt sur le point culminant.

C’était bien la vue immense qu’il avait espérée. La plaine tout entière se déroulait à ses yeux ; avec ses fruits et ses vergers, sa verdure et ses bocages, qui semblaient échelonnés pour le plaisir de ses yeux. Jamais site champêtre ne lui avait offert un aspect si enchanteur ; et l’île avait un tel air de culture qu’à chaque instant il s’attendait à voir des groupes d’hommes en sillonner la surface. Il portait toujours suspendue à ses épaules la meilleure lunette du Rancocus, et il la dirigea aussitôt sur tous les points de l’île, dans l’espoir de découvrir quelques habitations ; mais cet espoir fut déçu. Il était évidemment le seul habitant de l’île. Il n’y avait même aucune trace de quadrupèdes ou de reptiles ; Les oiseaux seuls avaient accès dans le petit paradis c’était, à proprement parler, leur Élysée.

Marc procéda ensuite à l’examen du Pic lui-même. Il s’y trouvait un vaste amas de guano dont les parcelles, qui s’en étaient détachées sans cesse depuis des siècles, avaient sans doute contribué à entretenir la fertilité de la plaine. Un ruisseau, plus large qu’on ne se serait attendu à en trouver un dans une île si petite, serpentait dans la plaine, et sortait d’une source abondante qui jaillissait de terre à la base du Pic. Mais la source n’eût pas suffi pour l’alimenter seule et il recevait, dans son cours le tribut d’une infinité de petits filets d’eau qui coulaient sur la surface légèrement inclinée de l’île. Sur un point, à deux lieues environ du Pic, se formait un petit lac dont les eaux res-