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Jamais nous ne parviendrons à décrire la délicieuse sensation de fraîcheur que Marc éprouva, malgré le sang qui bouillait dans ses veines, quand il se sentit à l’ombre dans la cabine. Il sentait en lui tous les symptômes d’une grave maladie. Sa vie pouvait dépendre de l’usage qu’il allait faire d’une heure, d’une demi-heure peut-être. Il se jeta sur un canapé pour prendre un peu de repos tout en cherchant à rassembler ses idées et à calculer ce qu’il devait faire. La boîte aux médicaments restait toujours dans la cabine, et plus d’une fois lui-même il y avait eu recours pour venir en aide à quelque matelot souffrant. Il savait qu’il s’y trouvait toujours des potions toutes prêtes. Il s’approcha de la table en chancelant, ouvrit la boîte, prit la préparation qu’il crut la mieux appropriée à son état, l’étendit d’eau filtrée, et l’avala.

Notre jeune ami pensa toujours, par la suite, que ce fut cette potion qui lui sauva la vie. Le premier effet fut de le rendre complétement malade et d’agir sur tous ses organes. Pendant une heure il resta sous cette influence, et seulement après cet intervalle il eut la force de gagner son lit, sur lequel il tomba anéanti. Combien de temps resta-t-il dans cet état ? c’est ce qu’il ne sut jamais. Ce fut plusieurs jours, peut-être plusieurs semaines. La fièvre avait apporté le trouble dans ses idées, quoique par moments il lui revint comme un éclair de raison, et alors c’était pour comprendre l’horreur de sa situation. Il avait de l’eau et des aliments plus qu’il ne lui en fallait ; la fontaine filtrante était à portée de sa main, et il y avait souvent recours ; enfin, le sac aux biscuits était tout à côté, mais c’était à peine s’il pouvait en avaler une seule bouchée, même après l’avoir trempée dans l’eau. Enfin tout mouvement lui devint impossible, et il resta plus de deux jours dans la même position, sans pouvoir presque fermer l’œil, mais dans un état d’anéantissement complet.

À la longue la fièvre perdit de sa violence ; mais elle prit un caractère peut-être plus dangereux encore pour un homme dans la position de Marc Woolston, en se réglant et en le mi-