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CHAPITRE IX.


Roule, Océan au bleu sombre et profond, roule ! dix milliers de flottes balayent en vain tes flots ; l’homme marque la terre de l’empreinte des ruines ; sa puissance s’arrête devant le rivage ; sur la plaine liquide, les naufrages ne sont que ton œuvre, et il n’y reste de trace des ravages de l’homme, que la sienne, lorsqu’en un moment, comme une goutte de pluie, il disparaît dans les profondeurs.
Byron.



Ce soir-là, le soleil se coucha au milieu des nuages. Quoiqu’à l’est l’horizon fût relativement clair, les objets offraient cependant un contour extraordinaire, qui en augmentait les proportions, et les rendait en quelque sorte indéfinis.

Nous ne savons pourquoi le vent d’est produit ces phénomènes, et nous ne nous souvenons pas qu’on en ait jamais donné l’explication ; mais des années d’expérience nous ont convaincu de la justesse de l’observation. Lorsque le vent est tourné à l’est, on voit les objets à travers le médium d’une réfraction qui n’existe pas en présence d’un vent du nord, la crête des vagues jette une lumière qui est beaucoup plus apparente que dans d’autres moments, et à minuit la surface de l’Océan présente quelquefois l’aspect d’une journée nuageuse. Nos nerfs aussi se trouvent soumis à l’influence des vents d’est. Nous avons en nous un baromètre qui nous dit quand le vent est à l’est, sans que nous ayons besoin de nous orienter. Il est vrai qu’on a souvent fait allusion à cette influence du vent d’est, mais sans jamais l’expliquer.

Roswell, lorsqu’il monta à bord le lendemain matin, trouva le temps complétement changé. La tempête qui se préparait depuis longtemps était enfin venue, et le vent soufflait un peu du sud-est.

Hasard avait manœuvré en conséquence. Le Lion de Mer du