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bateaux file quelquefois dix ou douze nœuds au milieu d’une mer agitée, et que souvent la marche de ce vaisseau est plus rapide, on comprend facilement l’importance qu’on attache à sa forme, à sa légèreté et à sa solidité. Les marins croient généralement qu’un vaisseau baleinier est le bâtiment le plus sûr pour affronter les dangers de l’Océan.

Le capitaine Dagget reçut son hôte avec une politesse marquée. On servit l’eau et le rhum, et tous les deux en prirent un verre. Les deux capitaines burent à leurs succès mutuels et échangèrent leurs observations au sujet des lions de mer, des éléphants de mer, et de la manière de prendre ces animaux. Gardiner donna même une poignée de main amicale à Watson, quoique ce dernier fût à moitié déserteur.

L’Océan offre beaucoup des aspects de l’éternité, et dispose souvent les marins à regarder des camarades avec ce sentiment fraternel qui répond à leur situation commune. Son étendue leur rappelle l’éternité qui n’a ni commencement ni fin ; son mouvement perpétuel, l’agitation incessante des passions humaines, et ses dangers, la Providence qui nous protège tous et qui peut seule nous préserver.

Roswell Gardiner avait le cœur naturellement bon et il était disposé à juger autrui avec bienveillance. Aussi, l’adieu qu’il fit à Watson fut-il aussi franc et aussi sincère que celui qu’il adressa au capitaine Dagget lui-même.