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dirent, quoique ce ne fût que la moitié de la vérité. Pour tout dire, Watson était engagé comme second officier marinier à bord du schooner de Dagget, avant qu’il eût jamais vu Roswell Gardiner, et il avait reçu la mission de surveiller l’équipement du schooner d’Oyster-Pond, comme nous l’avons déjà dit. Il était cependant si naturel qu’un homme acceptât l’avancement qui lui était offert, que Gardiner lui-même fut beaucoup moins disposé à blâmer Watson qu’il ne l’avait fait jusqu’alors. Cependant la conversation continua.

— Vous ne nous avez point parlé de l’équipement de ce schooner, dit Roswell Gardiner, lorsque vous étiez à Oyster-Pond.

— J’étais tout préoccupé des affaires de mon pauvre oncle, capitaine Gardiner. La mort est notre destinée à tous, mais elle paraît plus triste quand elle frappe nos amis.

Malgré le ton naturel du capitaine Dagget, Roswell Gardiner n’était pas sans soupçon. Cet équipement d’un autre vaisseau lui donnait à réfléchir, et il était tenté de croire que Dagget aussi savait quelque chose du but de l’expédition.

Ce qu’il y a de bizarre, c’est que cette disposition d’esprit chez Roswell Gardiner fut favorable aux intérêts du diacre. Tout d’abord, Gardiner avait été peu enclin à ajouter beaucoup de foi aux renseignements donnés par le vieux marin, attribuant la plus grande partie de ses récits à une tactique de matelot et au désir, de se rendre important. Mais maintenant qu’il voyait un membre de la famille de ce matelot embarqué dans une entreprise semblable à la sienne, il commença à changer d’opinion sur la portée même de cette entreprise.

Sachant avec quelle prudente mesure on agit dans cette partie du monde, il ne pensait pas qu’une compagnie d’hommes du Vineyard eût risqué son argent dans une affaire sans avoir de bonnes raisons pour croire qu’elle réussirait. Quoiqu’il ne pût se rendre compte des renseignements qu’elle s’était procurés, il lui était facile de voir que les îles de veaux marins ou le butin que renfermait l’île des Pirates, étaient les mobiles de l’expédition des hommes du Vineyard. Voilà sans doute les motifs qui les avaient