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dons qu’on a reçus de son Créateur, et de traiter les sujets les plus importants comme un être raisonnable, au lieu d’adopter une croyance aveuglement et sans réflexion ?

— À quoi sert donc votre raison si vantée ? Elle ne peut expliquer un seul des mystères de la création, quoiqu’il y en ait par milliers. Je crois que tous ceux qui ne sont pas ouvertement incrédules admettent que la mort du Christ a été une expiation offerte pour le salut de l’humanité. Maintenant, peut-on expliquer ce dogme de notre religion, mieux que la nature divine du Rédempteur ? Peut-on mieux raisonner sur la chute que sur la rédemption de l’homme ? Je sais que je suis peu propre à traiter des matières aussi profondes, dit Marie d’un ton modeste, quoique très-animé et très-sérieux ; mais il me semble certain que les faits dont il s’agit nous transportent au delà des limites de notre intelligence ; nous devons croire et non raisonner la révélation, toute l’histoire du christianisme nous l’enseigne : ses premiers ministres étaient des hommes sans éducation, des hommes qui restèrent tout à fait ignorants jusqu’à ce qu’ils fussent éclairés par la foi ; et la leçon que nous devrons en tirer, c’est que la foi au Rédempteur est la première des perfections morales, et qu’elle est le plus grand des biens, celui qui renferme tous les autres. Avec la foi, le cœur ne fait pas une pierre d’achoppement de tout ce que la tête ne peut comprendre.

— Je ne sais pourquoi, Marie, répondit Roswell Gardiner sous l’empire de la parole de la jeune fille, quand je parle avec vous sur ce sujet, je ne suis plus le même qu’avec mes amis, et j’ai de la peine à vous répondre.

— Ne vous excusez pas auprès de moi, Roswell ; parlez plutôt au Dieu Tout-Puissant que vous offensez, et dont vous négligez les enseignements. Mais, Roswell, ne rendons pas cette séparation plus pénible en traitant cette heure de pareils sujets ! J’ai d’autres choses à vous dire et peu de temps à y consacrer. La promesse que vous me demandez de ne point me marier jusqu’à votre retour, je vous la fais volontiers. Il ne m’en coûte rien de vous donner cette assurance, car il n’est guère possible que j’en épouse jamais un autre.