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vieux comté de Suffolk. Ils étaient presque tous jeunes, actifs, et promettaient de rendre de grands services. Livingston et Floyd étaient des hommes de couleur qui portaient les noms de deux familles respectables dans lesquelles leurs parents avaient été esclaves. Weeks était accoutumé à la mer, et pouvait remplir les fonctions de marin comme celles de charpentier. Mount et Mott, quoique embarqués comme non marins, étaient aussi très-habitués à la mer, ayant navigué dans des caboteurs, bien qu’aucun des deux n’eût fait réellement partie d’une grande expédition.

Il eût été difficile de donner un meilleur équipage au Lion de Mer ; cependant on ne pouvait dire qu’il se trouvât à son bord un véritable marin, un capitaine qui eût été capable de prendre le commandement d’une frégate ou d’un vaisseau de ligne. Gardiner lui-même, qui sous presque tous les rapports était le premier de l’équipage, ne réunissait pas toutes les qualités qui font le véritable loup de mer. On eût remarqué partout son activité, son courage, tout ce qui rend un homme utile dans la profession spéciale à laquelle il s’était voué mais on n’aurait pu reconnaître en lui cette habileté consommée du marin chez qui l’habitude est devenue un instinct, et qui, dans l’occasion, ne manque jamais d’agir à propos, qu’il fasse beau ou mauvais. Sous tous ces rapports, cependant, il était assez supérieur au reste de l’équipage pour obtenir tout son respect. Stimson était peut-être le meilleur marin après le capitaine.

Le lendemain du jour où le Lion de Mer reçut à bord le reste de son monde, Roswell Gardiner se rendit au Port, où il rencontra le diacre qui lui avait donné rendez-vous. Il s’agissait d’obtenir le congé du schooner, ce qui ne pouvait se faire qu’à Sag-Harbour. Marie accompagna son oncle pour régler quelques petites affaires de ménage, et il fut alors convenu que le diacre ferait sa dernière visite au vaisseau, tandis que Roswell Gardiner ramènerait Marie à Oyster-Pond dans le bateau du baleinier qui avait amené Marie et son oncle. Comme Baiting Joe avait servi de passeur, il fallut se débarrasser de lui, le jeune marin désirant être seul avec Marie. Un quart de dollar suffit pour désintéresser le vieux matelot, et rien ne s’opposa plus au désir de