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qui avaient pris part à l’équipement du Lion de Mer de Holmes-Hole ne savait rien de l’existence de ce document, à l’exception de celui qui s’en était rendu possesseur. Il lui arrivait quelquefois d’y jeter les yeux, et les renseignements qu’il y trouvait ne lui paraissaient point sans importance.

Les deux entreprises dont nous avons parlé caractérisent l’état de société où elles avaient été conçues. Le diacre, s’il avait une profession, était cultivateur, quoique l’amour de l’argent l’eût entraîné à spéculer en différentes occasions. Les principaux propriétaires du Lion de Mer d’Holmes-Hole étaient aussi des cultivateurs, gens qui labouraient leurs terres, qui coupaient leurs blés et fauchaient leurs prairies. Cependant, pas un de ces hommes, pas plus ceux du Vineyard que celui d’Oyster-Pond, n’avaient, hésité à mettre leur argent dans une entreprise maritime ; comme s’ils avaient été armateurs d’un des grands ports de l’Union américaine. À de tels hommes, il ne s’agit que de montrer en perspective une affaire qui ait des chances réelles de succès, et ils sont prêts à mettre dans une entreprise leur cœur, leurs bras et leur bourse.

Dans la saison dernière, ç’aurait pu être pour aller à la recherche des baleines vers les côtes du Japon ; la saison précédente, pour visiter les îles fréquentées par les baleines ; aujourd’hui, peut-être, pour chasser les caméléopards, tendre des pièges aux jeunes lions, et attaquer les rhinocéros dans les plaines de l’Afrique ; les mêmes hommes transportaient de la glace de Long-Fond à Calcutta et à Kingston, pour ne pas dire à Londres même. Voilà de quelle matière sont faits les descendants des Puritains : un mélange de bien et de mal ; leur religion, qui s’attache au passé plutôt par souvenir que par sentiment, se mêle chez eux à des calculs mondains qui vont jusqu’à la rapacité sous le manteau d’un respect de convention pour tous ses grands devoirs ; mais on ne peut contester la simplicité de leurs mœurs, leur esprit d’initiative et leur infatigable activité.

Roswell Gardiner ne s’était pas trompé à l’égard des personnes qui se trouvaient dans le bateau. C’étaient Philippe Hasard, son premier officier, et Tim Green, le second, ainsi que les deux