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hommes, sont remplies abondamment de tout ce qui peut défrayer des marins de leur voyage.

— Oh ! je n’en doute pas, si en effet il y a là des îles. Ce peut être un faux cap qu’un marin aura cru voir dans un brouillard. L’Océan est pleinde ces îles !

— Non, ce n’est point cela, c’est de la véritable terre, comme je l’ai appris de l’homme qui l’a foulée de ses pieds. Il faut prendre garde, Gar’ner, et ne pas y aller toucher, ajouta le diacre, en se permettant un petit éclat de rire, comme un homme qui est peu habitué à se donner ce genre de satisfaction. – Je ne suis pas assez riche pour acheter et équiper des Lions de Mer, si vous devez les briser sur quelque rocher.

— C’est là une haute latitude pour y mener un vaisseau. Cook lui-même n’est pas allé si loin !

— Ne songez pas à Cook ; c’était un marin du roi, tandis que mon homme était un chasseur de veaux marins américain, et ce qu’il a vu une fois, un Américain doit le retrouver. Voilà les îles ; il y en a trois, vous les trouverez et sur leurs rivages autant d’animaux qu’il y a de coquillages su la grève.

— Je l’espère, s’il y a là de la terre, et que vous risquiez le schooner, je tâcherai d’y aller voir. Je vous demanderai cependant de m’écrire l’ordre de me rendre aussi loin.

— Vous aurez tous les pouvoirs qu’un homme peut demander. Sur ce point il ne peut y avoir de difficulté entre nous ; c’est moi qui réponds du risque à courir pour le schooner, mais je vous le recommande d’une manière toute spéciale. Allez donc vers ces parages, et remplissez le schooner. Mais, Gar’ner, ce n’est pas tout ! aussitôt que le schooner sera plein, vous vous dirigerez vers le midi, et vous sortirez des glaces le plus vite possible.

— C’est assurément ce que j’aurais fait, diacre, quoique vous n’en eussiez pas encore parlé.

— Oui, d’après tout ce qu’on en dit, ce sont des mers orageuses, et le plus tôt qu’on peut en sortir est le mieux.

— Maintenant, Gar’ner, il me reste encore un serment à vous demander. J’ai un autre secret à vous dire ; baisez encore une fois ce livre sacré, et jurez de ne jamais révéler à personne ce