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— Parce que ceux qui n’ont pas navigué pensent et agissent suivant la manière dont on les a élevés. Maintenant, diacre, voyez cette carte ; voyez combien elle renferme d’eau et combien peu de terre. Le ministre Whittle nous a dit le dernier jour de sabbat que rien n’avait été créé sans dessein, et qu’on retrouvait dans toutes les œuvres de la nature une sage dispensation de la divine Providence. Si donc la terre avait dû l’emporter sur la mer, y aurait-il autant de l’une et aussi peu de l’autre ? C’est là la pensée qui m’est venue à l’esprit lorsque j’ai entendu les paroles du ministre ; et si Marie…

— Et qu’avez-vous à me dire de Marie ? reprit le diacre, voyant que le jeune homme faisait une pause.

— J’espérais, diacre, dit Roswell Gardiner, que, dans ce que vous aviez à me dire il était un peu question d’elle.

— Le sujet dont j’ai à vous entretenir, reprit le diacre, offre plus d’intérêt qu’une cinquantaine de Maries. Quant à ma nièce, Gard’ner, si elle veut de vous, soyez le bienvenu. Mais vous voyez cette carte… regardez-la bien, et dites-moi si vous y trouvez quelque chose de nouveau ou de remarquable.

— Cela me rappelle le temps passé, diacre ; voilà bien des îles que j’ai visitées et que je connais. Qu’est-ce que cela ? Des îles tracées au crayon, avec la latitude et la longitude en chiffres. Qui dit qu’il y ait là de la terre, diacre Pratt, si je puis vous poser cette question ?

— Moi, je le dis, et c’est une bonne terre pour des chasseurs de veaux marins. Ces îles, Gar’ner, peuvent faire votre fortune aussi bien que la mienne. Peu importe comment je sais qu’elles sont là, pourvu que je le sache, et que je sois résolu à y envoyer en droite ligne le Lion de Mer ; remplissez-le d’huile d’éléphant, d’ivoire et de peaux, et ramenez-le aussi promptement que vous pourrez.

— Des îles dans cette latitude et cette longitude ! dit Roswell Gardiner en examinant la carte d’aussi près que si c’eût été une fort belle gravure. Je n’ai jamais entendu parler de rien de pareil.

— Cela est cependant, et ces îles, comme toutes les terres dans les mers lointaines, n’étant pas souvent fréquentées par les