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— Eh bien, suivant moi, Watson, il est quelquefois moins dangereux d’attaquer un éléphant de mer que de lutter contre un de ces bouledogues de vieille baleine qui a déjà été harponné une demi-douzaine de fois.

— Oui, c’est quelquefois difficile aussi, quoique je ne me préoccupe pas autant d’une baleine que d’un éléphant de mer ou d’un lion de mer. Ce que je voudrais savoir, ce sont les noms de mes camarades lorsqu’il s’agit d’une expédition dont le but est la chasse des veaux marins.

— Capitaine Gard’ner, dit le diacre qui avait entendu toute cette conversation, il faudrait savoir si cet homme veut s’embarquer sur le schooner, oui ou non.

— Je m’engagerai à l’instant, reprit Watson aussi hardiment que s’il avait été sincère ; seulement, que je sache ce que j’entreprends. Si l’on me disait vers quelles îles le schooner va se diriger, cela pourrait changer ma résolution.

Cette question de l’espion était habilement posée, quoiqu’elle manquât son effet par suite de la prudence avec laquelle le diacre avait évité de communiquer son secret même au capitaine de son schooner. Si Gardiner avait su exactement où il allait, le grand désir qu’il éprouvait d’engager un homme aussi habile que Watson aurait pu lui arracher quelque révélation téméraire ; mais, ne sachant rien lui-même, il se trouva forcé de répondre de son mieux.

— Vous demandez où nous allons ? dit-il. Eh ! nous allons à la chasse des veaux marins, et nous les chercherons partout où on peut les trouver.

— Oui, oui, Monsieur, reprit Watson en riant ; ce n’est ni ici, ni là, voilà tout.

— Capitaine Gar’ner, interrompit le diacre d’un ton solennel, cela tombe dans la plaisanterie, et il faut engager cet homme ou en engager un autre à sa place. Venez à terre, Monsieur, j’ai à traiter d’affaires avec vous à la maison.

Le ton sérieux du diacre surprit également le capitaine et le marin. Quant au premier, il descendit pour mettre une cravate noire, avant de se rendre dans la maison du diacre, où il s’atten-