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aime que mieux. Mais vous avez eu tout le temps qu’il vous fallait pour prendre votre parti.

— Eh ! oui, Monsieur, tout cela est assez vrai tant qu’il ne s’agit que du vaisseau. S’il n’était question que d’un voyage aux Indes Orientales, je n’hésiterais pas une minute à signer l’engagement, et je ne vous demanderais même pas si le vaisseau est assez grand pour une expédition baleinière ; mais la chasse des veaux marins est une autre affaire ; et il suffit d’un homme inhabile pour exposer une expédition à bien des échecs.

— Tout cela est assez vrai, mais nous n’avons l’intention ni d’embarquer des hommes inhabiles, ni de nous exposer à des échecs. Vous me connaissez…

— Oh ! si tout le monde était comme vous, capitaine Gar’ner, je ne prendrais pas même le temps d’essayer la plume ; votre réputation s’est faite dans le Midi, et personne ne peut contester votre habileté.

— Eh bien, les deux seconds sont d’anciens marins qui entendent ce genre d’expédition, et nous voulons qu’il n’y ait pas un homme dans l’équipage qui ne soit aussi déterminé que vous.

— Il faut des hommes de cœur, Monsieur, pour se mettre à l’ouvrage au milieu de ces éléphants de mer, de ces chiens de mer, plutôt, car c’est comme cela que je les appelle. On dit que les veaux marins deviennent rares ; mais je prétends qu’avant tout, il faut savoir son affaire. Ainsi, dis-je, voilà le jeune capitaine Gar’ner qui arme un schooner pour quelque partie inconnue du monde, peut-être pour le pôle sud ; ou tout autre coin du globe ; il reviendra plein, ou je ne m’y connais pas.

— Eh bien ! si c’est là votre opinion, vous n’avez qu’à signer un engagement et à faire partie de l’expédition.

— Oui, oui Monsieur, quand j’aurai vu mes camarades. Il n’y a pas d’industrie sous le soleil qui exige un plus grand dévouement de la part de chaque homme que la chasse des éléphants de mer. Avec un équipage énergique, on peut triompher d’animaux plus petits, mais lorsqu’on en vient aux véritables vieux taureaux de mer, aux bouledogues de mer, comme on pourrait les appeler, donnez-moi des cœurs et des bras intrépides.