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supérieur, à la recherche desquels était Philip Hasard, et que le capitaine Gardiner voulait avoir.

Le digne armateur ne supposait guère que les gens du Vineyard fussent en marché avec ces hommes et les empêchassent de s’entendre avec Philip Hasard, afin de se donner le temps d’équiper un autre Lion de Mer qu’ils armaient déjà depuis près d’un mois. Ils avaient acheté ce vaisseau à New-Bedford, pour profiter des renseignements incomplets qu’ils avaient reçus des capitaines du brick et du sloop. L’identité de nom était l’effet du hasard, ou il serait plus exact de dire qu’elle avait été suggérée par la nature commune de l’entreprise ; mais il en résulta que la compagnie qui s’était formée au Vineyard adopta le plan de confondre, pour ainsi dire, les deux vaisseaux, et espéra tirer quelque avantage de cette combinaison ; mais nous ne parlerons pas encore de ce plan.

Après un délai de plusieurs jours, Hasard envoya de Bonnington un homme du nom de Watson, qui avait la réputation d’être un grand chasseur de veaux marins. Cette recrue parut excellente, et, en l’absence de ses deux officiers qui étaient l’un et l’autre absents et occupés à recruter des hommes, Roswell Gardiner, pour lequel le commandement était une chose nouvelle, consulta fréquemment cet habile marin. Il fut heureux pour le diacre qu’il n’eût encore rien révélé de ses deux grands secrets au jeune capitaine : Gardiner savait sans doute que le sloop devait aller à la chasse des veaux marins, des lions de mer, des éléphants de mer, et de tous les animaux de l’espèce du phoque ; mais on ne lui avait rien dit des révélations de Dagget.

Nous disons qu’il fut heureux que le diacre eût été si prudent, car Watson n’avait aucunement l’intention de faire voile d’Oyster-Pond, étant engagé comme second du Lion de Mer rival, qu’on avait acheté à New-Bedford, et dont on complétait alors l’équipement. En un mot, Watson était un espion envoyé par les gens du Vineyard pour s’assurer des intentions de l’armateur du schooner, pour s’insinuer dans la confiance de Gardiner, et pour rapporter exactement l’état des choses. Les Américains aiment à se vanter de n’avoir pas d’espions chez eux. Cela est vrai, si l’on