Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 28, 1850.djvu/5

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.



PRÉFACE



Si la dureté du cœur humain nous cause encore quelque surprise, c’est lorsque nous voyons l’indifférence que les hommes préoccupés des intérêts de ce monde témoignent à l’égard des phénomènes les plus sublimes de la nature, qui parlent si éloquemment et si constamment à leur esprit et leur cœur. Chaque existence individuelle est si concentrée en elle-même, si étrangère à tout ce qui se trouve en dehors de ce cercle étroit, qu’il n’arrive pas peut-être à un homme sur dix de s’arracher une fois en vingt-quatre heures à cette étude opiniâtre de ses besoins, de ses désirs et de ses projets personnels, pour contempler la majesté, la miséricorde, la vérité et la justice de l’Être divin qui l’a placé comme un atome parmi les myriades de créatures qui habitent le ciel et ta terre. Les merveilles de la nature ne produisent guère plus d’impression que les plus hautes vérités morales. Des millions de regards verront le firmament dans une nuit sans nuages, et il n’y aura pas une centaine d’esprits qui sauront apprécier la puissance de celui qui a tout créé ; il n’y aura pas une centaine de cœurs qui se trouveront embrasés de ce sentiment d’adoration que devrait exciter naturellement cet appel aux yeux et à l’esprit de l’homme. Cette indifférence résulte surtout de l’habitude qu’ils ont de ce spectacle, les objets que nous avons constamment devant les yeux faisant comme partie de l’air que nous respirons. Une des conséquences de cette disposition à perdre de vue la main toute-puissante dont l’empreinte est si visible dans tout ce qui nous entoure, est de mettre la main de l’homme à sa place. À notre époque dans les pays éclairés, en l’absence de l’idolâtrie directe, il y a peu d’hommes d’un cœur assez dur pour nier l’existence et la puissance d’un Être suprême mais ce fait admis, combien peu éprouvent réellement envers lui cette profonde vénération que devrait nous imposer la nature de nos rapports avec Dieu ! C’est que nous manquons d’humilité, c’est que nous nous ignorons nous-